Vivre sa foi par le mouvement

La pasteure Véronique Tschanz Anderegg / ©DR
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La pasteure Véronique Tschanz Anderegg
©DR

Vivre sa foi par le mouvement

26 septembre 2024
Rencontre
La pasteure Véronique Tschanz Anderegg propose depuis plusieurs années des cultes en randonnant afin de vivre sa foi autrement et de retrouver un lien, souvent distendu, avec la nature.

«Etre la pasteure qui marche, c’est un peu ma marque de fabrique. Ça me plaît assez, d’ailleurs. Marcher ensemble permet souvent d’ouvrir des discussions, notamment lorsque les gens sont un peu intimidés», explique Véronique Tschanz Anderegg. La pasteure du Val-de-Travers a toujours beaucoup pratiqué la marche, jusqu’au jour où elle s’est interrogée sur la manière d’allier cette discipline sportive et son métier afin «d’offrir quelque chose de différent». C’est ainsi qu’en 2010, elle a suivi une formation d’accompagnatrice en montagne.

Ce n’est que neuf ans plus tard, cependant, qu’elle a véritablement osé franchir le pas: «Dès mon entrée dans l’EREN, j’ai demandé à pouvoir intégrer cela. J’ai eu la chance que mon Eglise et la paroisse du Val-de-Travers acceptent que mes propositions en lien avec la marche fassent partie intégrante de mon ministère. Je suis très reconnaissante de cette opportunité.»

Véronique Tschanz Anderegg propose, pour commencer, des marches méditatives, puis, petit à petit, des cultes en randonnant, et enfin, un trek spirituel de cinq jours une fois par an. Le Covid a contribué à renforcer ces activités: «J’ai commencé à faire des visites en marchant, avec les gens valides bien sûr, au lieu d’aller à leur domicile! Cela a été une sorte de cure d’âme. Et grâce à la consigne de me faire connaître une balade qu’ils aiment, j’ai très vite découvert la région.» Désormais, elle fait aussi des accompagnements de deuil en marchant, avec des rencontres-balades mettant l’accent «sur des choses précises et symboliques en lien avec le deuil».

L’an dernier, la citoyenne de Môtiers a pris un congé sabbatique de cinq mois, «une chance énorme», qu’elle a mis à profit pour suivre, à pied bien sûr, l’itinéraire Sur les pas des huguenots entre Le Poët-Laval, en France, et Bad Karlshafen, en Allemagne. Véronique Tschanz Anderegg a parcouru, le plus souvent seule, 1631 km en trois mois et trois semaines, réalisant le rêve qui l’habitait depuis longtemps de marcher sur un long terme.

«Certains de mes objectifs et attentes ont été atteints, d’autres pas. J’ai trouvé magnifique que d’autres naissent en cours de route. J’ai redécouvert la joie et les bienfaits de la lenteur et du rythme humain; néanmoins, c’est très difficile de les conserver: on est vite rattrapé par le rythme effréné de la vie actuelle. J’ai aussi appris mes limites, qu’elles soient physiques, en me blessant à une semaine de l’arrivée, ou morales, car je suis vraiment allée au bout de ce que je pouvais faire. Il me reste beaucoup de choses de ce temps que je n’ai pas encore fini de découvrir. Je continue à être en chemin.»

Au fil des rencontres, aidée par sa «facilité de contact humain, qui est l’un de ses atouts», la pasteure a également dû composer avec un rôle qui lui est inhabituel et peu confortable: être celle qui reçoit «sans avoir grand-chose à offrir» si ce n’est sa reconnaissance, son écoute, ses prières et son temps.  

Ce samedi 28 septembre, Véronique Tschanz Anderegg retrouvera sa double casquette familière de pasteure et d’accompagnatrice en montagne lors d’un nouveau culte en randonnant: «J’inclus à chaque fois un texte biblique et une prière; en revanche, les différents éléments liturgiques sont allégés. Je fais un lien avec ce que l’on voit, ce que la nature a à nous offrir, et des parallèles bibliques. On peut vivre sa foi pas seulement avec sa tête. C’est ce que je vis, moi qui suis une théologienne de terrain. Je la vis par le mouvement et par le lien avec la nature. Ça me tient à cœur de montrer la beauté de la Création et de contribuer à retrouver ce lien qui a été beaucoup perdu.»

Côté pratique

Le prochain culte en randonnant est prévu le samedi 28 septembre, à 17h30, au départ du temple de Môtiers. Il aura lieu avec de petits aménagements en cas de météo capricieuse. La marche est d’environ 45 minutes, pour un temps total de 1h30. Les familles avec enfants sont les bienvenues (pas besoin de s’inscrire).