La CER aimerait réinventer sa communication
A l’étude depuis bientôt trois ans, l’avenir des médias réformés a obtenu une première décision ce 9 septembre, lors de l’Assemblée générale de la Conférence des Eglises réformées romandes (CER). Les délégués des différentes Eglises cantonales ont en effet validé le projet de création d’un Pôle communication qui serait intégré à Médias-pro, son département médias.
Une décision qui, comme les suivantes, ne se concrétisera – condition sine qua non – qu’au moment de la dissolution de la Sàrl Réformés, structure indépendante gérant le journal Réformés.
Le journal isolé
Ce faisant, les délégués de la CER ont d’une part acté le refus d’intégrer le journal Réformés dans la structure Médias-pro, option qui avait un temps été étudiée. D’autre part, ils s’en remettent à la décision de la Sàrl en ce qui concerne l’avenir du titre Réformés. Pour rappel, la Sàrl est financée par quatre Eglises uniquement (Vaud, Genève,Neuchâtel et l’union synodale Berne-Jura-Soleure).
Par la voix de son secrétaire général Stefan Keller, l’Eglise protestante de Genève (EPG) a exprimé son regret face au «peu d’enthousiasme» de ses consœurs. «Il reste l’alternative, pas encore explorée, de permettre à la Sàrl voler de ses propres ailes et d’appliquer une véritable liberté entrepreneuriale», figure-t-il. Et de rappeler que dans ce canton où ce mensuel est distribué sur abonnement, «un audit avait relevé qu’une seule personne sur 145 envisageait d’y mettre fin».
Bi-mensuel différent
Toujours sous condition de la dissolution de la Sàrl (choix qui appartient aux quatre Eglises financeuses), les délégués ont accepté la production d’un périodique papier, à raison de six numéros par année. La dotation prévue serait de «deux EPT de départ pour l’ensemble du pôle communication (hors administratif), dont environ 0,5 EPT sont consacrés à des produits visant des jeunes entre 16 et 35 ans pour les réseaux sociaux». En outre, l’ensemble des coûts de ce pôle devrait être financé par les abonnements du nouveau périodique.
Selon le projet, une base d’au minimum 20'000 abonnements rendrait le projet viable. En cas de déficit, l’AG s’en porterait garante et la direction de Médias-pro devrait «proposer sans tarder les mesures d’assainissement requises».
Les différents services de Médias-pro, qui englobent RTSreligion (radio, TV et digital), Réformés.ch (vidéos) et Protestinfo (agence de presse), sont pour leur part confirmés. Se faisant le porte-parole de préoccupations partagées par d’autres délégués, le président de l’Eglise réformée évangélique Neuchâteloise (EREN) Yves Bourquin a proposé une décision supplémentaire, visant la «rédaction d’une nouvelle charte de déontologie à l’usage des journalistes de l’Office protestant des médias».
Tensions Eglises-journalistes
«Certains conseillers d’Exécutifs d’Eglises se voient parfois pointés du doigt avec un sentiment d’injustice par certains articles, notamment de Protestinfo», formule-t-il. Il précise que cette charte devrait pouvoir «harmoniser les deux critères suivants, à savoir la garantie de la liberté de la presse et un positionnement neutre et factuel à l’égard des Eglises de la CER, qui restent et demeurent leur employeur».
Les journalistes de l’agence de presse étant soumis à la Déclaration des droits et devoirs des journalistes, qui régit la profession au niveau européen, le délégué jurassien Silvano Keller interroge: «Pourquoi s’éloigner de la charte existante? Sur quels points serait-elle incompatible avec l’Eglise réformée?» «En Valais, nous n’avons pas le même regard, car nous n’avons pas d’affaires qui ont suscité des articles posant problème», expose le Valaisan Gilles Cavin. «Chaque année, cette question revient sur la table de la Plateforme de stratégie générale (PSG). Il nous semble qu’il serait bien qu’une discussion constructive puisse avoir lieu sur le sujet.»
En réponse, le directeur de Médias-pro Paolo Mariani indique qu’une telle rencontre a pu avoir lieu avec le conseil synodal vaudois et «être ouvert à toute rencontre avec des Conseils synodaux pour pouvoir échanger autour de la question de qu’est-ce qu’être journaliste aujourd’hui dans une presse laïque libre.» Il conclut en citant néanmoins un article de la Déclaration des droits et devoirs des journalistes, «qui s’inscrit par ailleurs dans une logique des droits humains»: «La responsabilité de ces derniers envers le public doit primer celles qu’ils assument à l’égard de tiers, pouvoirs publics et employeurs notamment».
Suite aux échanges, le délégué neuchâtelois a décidé de «retirer cette résolution», tout en formulant toutefois souhaiter y revenir «sous une forme ou une autre» pour «améliorer les choses».