«Chacun a reçu de Dieu son don particulier, l’un celui-ci, l’autre, celui-là.» Cette citation de saint Paul, saint Benoît l’utilise dans sa Règle monastique non pas pour parler du célibat, mais de la mesure de la boisson, quelque chose apparemment de peu d’intérêt. Il veut nous apprendre par là que nous recevons des dons et que chacun en reçoit des particuliers. Or, dans notre époque de la performance, nous voulons plutôt nous réaliser que recevoir, nous voulons donner plutôt que recevoir.

Saint Benoît dit, en parlant de la quantité de vin, que certains ont reçu de Dieu la grâce de s’en abstenir. Il ne dit pas: «Certains en faisant un effort pourront s’abstenir de vin.» Et c’est une leçon qui me semble assez universelle: nous voulons être trop performants, trop faire, alors qu’il faut accepter de recevoir les choses comme un don.

A un autre niveau, si chacun a reçu de Dieu un don particulier, c’est que nous sommes tous différents. Dans ces dons, il y a des choses que nous pouvons considérer comme des forces, mais aussi des choses que nous aurons tendance à considérer comme des fragilités. Et pourtant, tout cela est don.

Or le texte fait l’éloge des différences : pas seulement des bonnes, mais aussi de celles qui nous limitent, qui nous font mal. Elles nous apprennent à nous rapporter de manière juste aux autres.