La Cour suprême israélienne a tranché: les bains publics rituels doivent accepter aussi les non-orthodoxes

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La Cour suprême israélienne a tranché: les bains publics rituels doivent accepter aussi les non-orthodoxes

Michele Chabin
25 février 2016
La plus haute autorité judiciaire d’Israël a décidé que les bains publics rituels doivent accepter tous les futurs convertis, quel que soit le courant du judaïsme auquel ils appartiennent.

Photo: Le mikvé Mayyim Hayyim à Newton (Massachusset) ©RNS/Mayyim Hayyim

, Jérusalem, RNS/Protestinfo

Dans la tradition, à la fin de leur processus de conversion, les convertis au judaïsme doivent s’immerger dans un bain rituel, appelé mikvé. Jusqu’à maintenant, les autorités officielles orthodoxes, qui administrent les fonds financiers des mikvés, avaient bloqué les conversions des non-orthodoxes, parce qu’ils jugent que leurs traditions ne sont pas conformes à la loi juive et donc que les personnes qu’ils convertissent ne sont pas juives.

Le jeudi 11 février dernier, Elyakim Rubinstein, juge à la Cour Suprême d’Israël, a déclaré que l’exclusion de certains convertis équivalait à de la discrimination. «Une fois que les mikvés publiques sont autorisées et mises au service du public, y compris pour le processus de conversion, l’Etat ne peut que permettre leur utilisation», a déclaré la magistrate. «L’Etat d’Israël est libre de superviser l’utilisation de ses mikvés, tant qu’il le fait de manière égalitaire.»

Le cas, et les recours qui lui sont associés, a pris dix ans pour cheminer à travers les tribunaux, a rappelé Orly Erez-Likhovski, directrice du département juridique au centre des actions religieuses israéliennes du mouvement libéral qui a poursuivi l’Etat au nom des juifs libéraux et traditionalistes. «Nous considérons cela comme une autre étape vers l’égalité de traitement des mouvements non-orthodoxes en Israël et plus particulièrement une étape vers la pleine reconnaissance des conversions non-orthodoxes en Israël», relève l’avocate.

Yizhar Hess, directeur du mouvement traditionaliste, a déclaré que la décision du tribunal «émane de Jérusalem, mais sera entendue dans tous les coins du monde juif. Cela met fin à la situation humiliante aujourd’hui où traditionalistes et libéraux devaient se faufiler discrètement dans les mikvés. C’est une étape importante de l’Etat d’Israël, que cette reconnaissance qu’il existe plus d’une façon d’être juif.»

Chef des orthodoxes séfarades d’Israël, Rabbi Yitzhak Yosef a qualifié la décision de la cour de «scandaleuse», selon le Times of Israel. «Les juifs libéraux font un usage de la loi juive adapté à leurs besoins et discréditent l’identité juive de l’Etat d’Israël», a-t-il dit. «Le tribunal ne peut pas d’une part satisfaire une petite minorité, et de l’autre nuire gravement à des milliers de juifs qui vivent selon la Halakha (loi juive) et dans le respect de la véritable identité juive de l’Etat.»

La semaine passée, Moshe Gafni, un député ultra-orthodoxe, a dit qu’il envisageait d’introduire un projet de loi qui outrepasserait la décision de la cour. Les factions ultra-orthodoxes sont une part importante de l’électorat du Premier ministre Benjamin Netanyahu.