C’est en 1685 que Louis XIV décide de révoquer l’Edit de Nantes par lequel Henri IV avait octroyé une certaine liberté de culte aux protestants du royaume. Cela a eu pour conséquence une accélération de l’exil de quelque 200’000 protestants, appartenant pour beaucoup d’entre eux à l’élite française, sans oublier leurs consœurs et confrères, les Vaudois du Piémont du nord de l’Italie.

La plupart de ces réfugié·es cherchèrent à gagner certains Etats allemands en traversant le territoire de la Confédération. Cette route ne fut pas sans peine et sans espoir. Un tracé repris aujourd’hui dans le guide de randonnées « Sur les pas des Huguenots et des Vaudois du Piémont ». Cet itinéraire s’étend sur 580 kilomètres entre Genève et Schaffhouse et suit les anciens chemins empruntés par les réfugié·es, donnant lieu ici et là à des petits détours pour mener le marcheur vers des lieux portant une marque éminente de cet héritage culturel.  

Il y a six ans, Florian Hitz, chef de projet de la Fondation VIA-Huguenots, reprenait les rennes de ce projet commencé il y a douze ans. La migration, un domaine bien connu du Biennois qui a étudié l’anthropologie, l’écologie ainsi que les sciences islamiques et qui travaille depuis ving-cinq ans dans le domaine de l’intégration. Il voit des liens entre les réfugié·es Huguenot·tes et celles et ceux d’aujourd’hui. « Les Huguenots étaient certes des réfugiés mais bon nombre d’entre eux étaient nobles. Aujourd’hui encore, on pense qu’un réfugié est forcément une personne pauvre. Ce n’est pas toujours le cas. Beaucoup ont des réseaux internationaux, des familles et ami·es un peu partout. C’est quelque chose que j’observe ici avec les Erythréens par exemple. Pour moi, c’est une autre manière de comprendre l’immigration. 

Edité en mai 2023, le guide de randonnée donne la part belle à la culture et aux aspects historiques. Comme l’explique son auteur : « On découvre des beaux endroits même en parcourant les villes. Des endroits urbains et proches de la nature en même temps. L’itinéraire suit souvent des cours d’eau, car les huguenots suivaient les rivières et les points d’eau ».

Entre les réfugié·es d’hier et d’aujourd’hui, des similitudes patentes. Grands contributeurs de la culture maraîchères, des tissus d’Indiennes, ou encore le du système bancaire, les Huguenot·tes n’ont eu de cesse de façonner de leur empreinte la Suisse moderne. Et pourtant, leur présence quand ils s’installaient longuement dans un lieu n’étaient pas toujours souhaitée. Une histoire qui se répète apparemment et qui interroge sur ces chemins vers la liberté, entre mémoire et patrimoine culturel.