A cause de la non-putréfaction des corps, une Eglise ferme son cimetière

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A cause de la non-putréfaction des corps, une Eglise ferme son cimetière

26 avril 2016
Un cimetière sur trois serait touché par le phénomène: la présence d’eaux souterraines empêcherait la décomposition des corps.

Photo: CC(by-nc) Andreas Rodler

Friesoythe/Oldenbourg (EPD/Protestinter). La paroisse protestante de Friesoythe, à environ 70km à l’ouest de Brême, dans le Nord de l’Allemagne, n’accepte plus d’enterrement dans son cimetière, car les corps, du fait du haut niveau des eaux souterraines, ne pouvaient se décomposer correctement. «Cette décision n’a pas été facile à prendre, mais nous ne voulons pas non plus faire abstraction du problème», a déclaré la pasteure Nicole Ochs-Schultz, dans une déclaration adressée à l’agence de presse protestante allemande EPD.

Le cimetière, qui comporte plus de 700 tombes, ne sera à l’avenir plus ouvert qu’aux inhumations d’urnes funéraires. Dans certains cas exceptionnels, il restera possible de procéder à une mise en terre, dans les caveaux familiaux, grâce à un système dit de «caverne funéraire», a ajouté la pasteure. Les morts pourront également être inhumés dans le cimetière catholique.

«Le problème des corps qui ne se putréfient pas n’est pas nouveau, nous le connaissons depuis plusieurs siècles», a déclaré Michael Poloczek, responsable des questions liées aux cimetières de l’Eglise luthérienne d’Oldenbourg. Sur les 33’000 cimetières que compte le pays, un sur trois environ en serait touché. C’est également le cas des 137 cimetières protestants que compte l’Eglise oldenbourgeoise. Dans ceux-ci, le temps de repos est d’au moins 25 ans.

Selon Michael Poloczek, la condition de base d’une décomposition naturelle est un échange entre oxygène et CO2. Dans les sols mal aérés, comme les sols très humides ou les sols marécageux, ce processus est énormément retardé, voire complètement stoppé. Des barrières, telles qu’une dalle funéraire en marbre, une épaisse couche de galets ou un panneau de carton bitumé, empêchent également la putréfaction.

Les problèmes engendrés par un niveau trop élevé des eaux souterraines sont très importants, a expliqué Andreas Bigalke, expert en matière de cimetières, à Hanovre. Petit à petit, les cercueils se remplissent comme une baignoire. Quand le corps commence à être exposé à l’eau, sa propre graisse se transforme en un «gras de cadavre» insoluble dans l’eau, d’une consistance semblable à de la margarine, qui recouvre tout le corps. La graisse durcie ne se dissout que très difficilement et conserve le corps pendant des dizaines d’années, d’où l’usage du terme de «cadavres de cire». Pour les employés des cimetières amenés à ouvrir les tombes dans le cadre d’une reprise de concession funéraire, par exemple, la présence de corps non putréfiés représenterait une charge psychologique intolérable.