L’Eglise méthodiste unie divisée après l’élection de la première évêque ouvertement lesbienne

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L’Eglise méthodiste unie divisée après l’élection de la première évêque ouvertement lesbienne

Emily McFarlan Miller
29 juillet 2016
Alors que la plus haute instance de l’Eglise méthodiste unie des Etats-Unis avait décidé de ne pas statuer sur la question de l’inclusion des personnes LGBT, une région a nommé une lesbienne comme évêque

Photo: Karen Oliveto © RNS/Eglise méthodiste unie

, RNS/Protestinter

Le président du Conseil des évêques de l’Eglise méthodiste unie a déclaré que l’élection de la première évêque ouvertement lesbienne mi-juillet «soulevait des inquiétudes et des questions quant à la ligne de l’Eglise et quant à son unité. L’évêque Bruce Ough, président du Conseil des évêques, a déclaré que le conseil exécutif du Conseil des évêques observera la situation très attentivement. «Les évêques se sont réunis jeudi et vendredi 19 et 20 juillet à Chicago dans le cadre d’une rencontre de la commission sur la sexualité instaurée par la conférence générale.»

Vendredi 15 juillet, la révérende Karen Oliveto, pasteure responsable de l’Eglise Glide Memorial à San Francisco, a été élue comme évêque par la conférence de la juridiction de Scottsdale en Arizona. Elle a été consacrée le jour suivant. Cette élection a eu lieu malgré que la dénomination bannisse l’ordination «de personnes qui se déclarent homosexuelles».

Lors de sa conférence générale quadriennale en mai, l’Eglise méthodiste unie a décidé de ne pas aborder la question litigieuse de l’inclusion complète des membres LGBT. Suivant les recommandations du Conseil des évêques, la dénomination avait accepté de mettre plutôt en place une commission chargée de discuter du conflit lié aux questions de sexualité. Le travail de ce groupe pourrait conduire à l’organisation d’une session exceptionnelle de la conférence globale en 2018 ou 2019. Pour Bruce Ough, il s’agit de la «meilleure démarche» à adopter.

Une élection historique

Mais pour les défenseurs de l’inclusion des LGBT dans l’Eglise méthodiste, l’élection de mi-juillet est historique. «Je pense qu’à ce moment j’ai eu un avant-goût de ce que sera le Royaume de Dieu», a déclaré Karen Oliveto après son élection, selon la dépêche de l’agence Methodist News Service. «Je me tiens devant vous grâce au travail et aux prières de nombreuses personnes, en particulier de ces personnes saintes qui rêvaient de vivre un tel moment et qui ont tracé des chemins là où il n’y en avait pas. Ils ne sont plus là aujourd’hui et c’est pourtant sur leurs épaules que je me trouve.»

Son élection a été accueillie chaleureusement par les délégués à la conférence, selon l’agence méthodiste, mais les réactions des groupes de l’Eglise méthodiste unie provenant d’un peu partout dans le pays étaient clairement divisées.

Le réseau pour un ministère pour la réconciliation a diffusé une prise de position de son directeur exécutif Matt Berryman, célébrant l’évènement comme un moment historique pour le mouvement des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et queers (LGBTQ) et pour l’égalité civile et spirituelle tant dans l’Eglise que dans la société en son ensemble. La nouvelle évêque a été membre du comité du ministère pour la réconciliation. «Officiellement exclues de nombreuses Eglises ou responsabilités spirituelles, les personnes LGBT peuvent se voir désormais comme responsables du corps du Christ dans la plus importante des dénominations historiques des Etats-Unis», s’est réjoui Matt Berryman.

Une décision déplorable

Dans le même temps le révérend Rob Renfroe, président de Good News (Bonnes nouvelles), un mouvement qui se décrit comme «orthodoxe et évangélique», a été cité par un article du site web officiel qualifiant de déplorable cette élection malgré la décision de la Conférence générale de ce printemps. «Si la juridiction de l’Ouest voulait amener l’Eglise au bord du schisme, elle n’aurait pas trouvé un moyen plus sûr de le faire», a dénoncé Rob Renfroe.

Bruce Ough a diffusé un communiqué après l’élection de Karen Oliveto dont voici un extrait. «Il y a ceux, dans l’Eglise qui vont voir cette élection comme une violation des règles de l’Eglise et comme un pas significatif vers la séparation, alors que d’autres s’en réjouiront et la verront comme une étape importante vers une Eglise plus accueillante. D’autres encore se poseront, sans aucun doute, des questions puisque nous nous trouvons aujourd’hui dans une situation que nous n’avions jamais connue avant. D’autres enfin vont probablement voir cette élection comme une perturbation du travail de la commission que le conseil est en train de nommer, voire ils la trouveront désormais sans but.»

Plus de 100 ministres LGTB

Pourtant plus de 100 ministres ou candidats au ministère se sont affichés comme ouvertement LGBT avant la Conférence générale et avant sa décision, et cela n’a pourtant pas empêché la conférence nationale de prendre sa propre décision. Deux juridictions américaines ont pris en compte un total de trois candidats ouvertement gay pour un total de 15 postes d’évêques à repourvoir. La conférence de la juridiction du Centre-sud, a, par la suite, réclamé une prise de position du conseil juridique de la dénomination pour savoir si l’élection et la consécration d’une personne ouvertement LGBT étaient réglementaires.

La conférence annuelle des 56 régions qui composent ces juridictions a également présenté plusieurs résolutions au sujet de l’inclusion complète des personnes LGBT au sein de l’Eglise. «Nos différences sont réelles et ne peuvent être passées sous silence, mais elles sont également conciliables. Nous sommes convaincus que Dieu est avec nous, surtout dans les temps et les lieux inexplorés. Il y a un futur et un espoir», a déclaré Bruce Ough.

Karen Oliveto, 58 ans, a été deux fois déléguée à la conférence générale et cinq fois à la conférence juridictionnelle. Et elle est membre du conseil général administratif et financier de la dénomination. Elle est mariée avec Robin Ridenour depuis deux ans, selon l’agence de presse méthodiste. Elles ont une liaison depuis qu’elles se sont rencontrées comme monitrices d’un camp pour adolescents.