Des Eglises kenyanes exigent des tests VIH pour les couples désireux de se marier
Photo: Un mariage à Nairobi, RNS/ Frederick NzwiliMariageNoirobi
(RNS/Protestinter)
Nairobi, Kenya – Certaines Eglises kenyanes exigent un dépistage du VIH prénuptial, une initiative que les militants considèrent comme empiétant sur les droits des personnes séropositives et atteintes du SIDA. Dans certains cas, on dit discrètement de faire un contrôle chez un médecin ou dans une clinique, mais dans d’autres, le test VIH est une obligation faite aux couples avant qu’ils ne puissent être unis par le mariage. Récemment, certains groupes pentecôtistes et évangéliques ont exigé un respect strict de cette demande, alors que l’Eglise catholique et la plupart des Eglises protestantes ont tendance à être moins strictes.
«La pratique s’est enracinée dans de nombreuses Eglises», a souligné Jane Ng’ang’a, la coordinatrice pour le Kenya d’un réseau international de responsables religieux vivant avec le VIH. «Alors qu’on est favorable à conseiller aux couples de faire le test, notre préoccupation concerne la demande de divulgation des résultats qui est contraire à la loi. Le défi est que la plupart des responsables des Eglises ne connaissent pas la loi».
Une augmentation des infectionsAu cours des dix dernières années, les nouvelles infections au VIH, dans la partie majoritairement chrétienne du pays, ont augmenté plus rapidement que dans tout autre pays subsaharien, selon une étude menée par la Global burden of disease. L’année dernière, plus de 1,8 million de Kenyans vivaient avec le virus qui s’il n’est pas traité, peut conduire au SIDA. Près de 39% d’entre eux étaient soignés par des antirétroviraux, un taux inférieur à la moyenne régionale qui est de 43%.
Il y a dix ans, le pays a adopté une loi interdisant le test comme une condition au mariage. La loi met en garde contre la violation de la confidentialité et la divulgation des résultats individuels sans consentement. Mais Jane Ng’ang’a a déclaré que le réseau avait récemment été alerté que certaines Eglises ne respectaient pas la confidentialité après avoir reçu les résultats des tests. «Certains tests ont été conservés dans des fichiers ouverts qui peuvent facilement être examinés par n’importe qui. Nous voyons cela comme une nouvelle forme de stigmatisation et de discrimination pour les personnes porteuses du VIH et atteintes du SIDA».
Les responsables religieux qui exigent des tests VIH affirment qu’ils sont guidés par un désir de protéger leurs membres. Ils ajoutent que l’Eglise doit aider à promouvoir les familles en bonne santé et prévenir le divorce, la maladie et la mort. «Un test VIH est obligatoire pour tous les couples qui souhaitent se marier dans notre Eglise», a affirmé le révérend Solomon Mwalili du Mouvement pentecôtiste libre du Kenya. «Je pense que c’est pour le bien de tous – pour les deux personnes impliquées et pour la famille qu’ils planifient de fonder».
Deux tests obligatoiresLe pasteur pentecôtiste, James Kyalo, de la région de Machakos, à environ 65 kilomètres de Nairobi, a révélé que son Eglise demandait deux tests VIH: le premier lorsque le couple commence le processus de mariage et le second six mois plus tard. Il a ajouté que les membres de l’Eglise n’avaient jamais protesté à propos de cette exigence. Certains pasteurs disent que les couples devraient connaître leur état s’ils planifient d’avoir des enfants. Et s’ils sont infectés, ils peuvent consulter des médecins pour apprendre à se soigner et se renseigner sur la façon de vivre dans la communauté.
Le révérend Patrick Lihanda, surintendant des Assemblées pentecôtistes, a précisé que quand un couple avait des résultats positifs, il ne lui demandait pas de se séparer, mais le conseillait sur la façon de vivre ensemble. «Le VIH est une réalité et nous ne pouvons pas nous cacher la tête dans le sable. Quand nous découvrons qu’une des deux personnes est infectée dans le couple, nous les conseillons et nous les marions. Je pense que c’est la meilleure chose à faire puisqu’ils sont amoureux».
Un processus inutileLe révérend Wellington Mutiso, de la Convention baptiste du Kenya, a relevé que de nombreuses Eglises baptistes ne demandaient pas de faire le test, puisque la plupart des couples avaient déjà eu des relations sexuelles avant leur mariage. Comme les baptistes, les principales Eglises trouvent que la demande de test est discriminatoire et un obstacle à la lutte contre l’épidémie.
«Un certificat ou un test n’a pas d’importance pour nous, étant donné que n’importe qui peut contracter le virus», a expliqué l’évêque anglican, Julius Kalu, du diocèse de Mombasa. «Avoir le virus ne signifie pas qu’on ne peut pas vivre pleinement. Même dans les cas de VIH, le couple peut encore vivre ensemble».