Photo: CC (by-nc) Chris Goldberg

(RNS/Protestinter)

Aux Etats-Unis, un nouveau sondage confirme ce que beaucoup soupçonnent depuis longtemps: une écrasante majorité des Américains musulmans préfèrent la candidate démocrate Hillary Clinton au candidat républicain Donald Trump. Une enquête nationale, publiée jeudi 13 octobre par le Conseil sur les relations américano-islamiques (CAIR), a révélé que 86% de tous les électeurs musulmans inscrits ont l'intention de voter le 8 novembre, et que 72% attribueraient leur vote à Hillary Clinton. Seulement 4% des 800 sondés ont affirmé qu'ils voteraient pour Donald Trump, 3% prévoient de voter pour Jill Stein, et 2% pour Gary Johnson.

91% des répondants estiment mauvaise la proposition de Trump visant à interdire aux musulmans d’entrer aux États-Unis. (Après la fusillade de San Bernardino l'an dernier, les responsables de campagne de Trump avaient publié une déclaration appelant à une interdiction complète des musulmans d'immigrer aux États-Unis «jusqu'à ce que les représentants de notre pays comprennent ce qu’il se passe».) L'enquête montre également que 85% des sondés jugent que l'islamophobie ne cesse d’augmenter. En outre, 30% ont dit avoir été victimes de discrimination ou de profilage au cours des douze derniers mois.

Lors du deuxième débat présidentiel, le 9 octobre dernier, une électrice musulmane indécise, Gorbah Hamed, a demandé aux deux candidats comment ils comptaient aider les musulmans comme elle à «gérer les conséquences d’être considérés comme des menaces pour leur propre pays». Trump a évoqué la question du «terrorisme islamiste radical», arguant qu’il incombait aux musulmans de dénoncer les extrémistes. «Nous devons être sûrs que les musulmans le signalent quand ils remarquent quelque chose», a-t-il déclaré. Clinton s’est écartée de cette définition de la menace. A la place, elle a affirmé que l’Amérique avait un problème avec les «terroristes djihadistes violents». «Nous ne sommes pas en guerre avec l'Islam, c’est une erreur de le penser, et c’est jouer le jeu des terroristes que d'agir comme si nous l’étions». Le directeur des affaires gouvernementales au CAIR, Robert McCaw, n’a pas l’impression que les candidats identifient le problème efficacement. «Aucun djihad de l'État islamique ne sera jamais commis au nom de l'islam», déclare-t-il. «Je ne joindrai jamais ce mot à ISIS, qui est un état criminel.»

L'enquête a révélé que le nombre de répondants musulmans qui considéraient le Parti républicain comme hostile envers les musulmans a augmenté à 62%, contre 51% dans un sondage de 2012. Sur la même période, le nombre de musulmans affiliés au Parti républicain est resté relativement stable à 6%, un chiffre comparable aux 9% de 2012 et aux 8% de 2008. Robert McCaw explique cette stabilité par le fait que ceux qui rejoignent le Parti républicain le font pour des motifs économiques plutôt qu’à cause de leurs préoccupations pour les droits civils. «Les musulmans républicains sont fidèles à ce parti parce qu'ils y trouvent manifestement une plate-forme économique qui sert leurs intérêts», précise Robert McCaw.

Selon l'enquête, les principaux enjeux pour les musulmans américains sont les droits civils, l'éducation, l'emploi et l'économie, la protection des étudiants contre l'intimidation et le harcèlement, l'interdiction d’immigration pour les musulmans, ainsi que le terrorisme et la sécurité nationale. Dans un communiqué, Robert McCaw déclare: «Les résultats du sondage indiquent que les candidats présidentiels ont encore le temps d’attirer les électeurs musulmans américains en abordant des questions telles que la dégradation des droits civils et l’islamophobie croissante.» Le sondage du CAIR a une marge d'erreur de plus ou moins 3,5 points.