Le CSP doit garder un caractère prophétique
Photo: Gabriel de Montmollin devant le Synode d’arrondissement jurassien.
Jouer les devins, ce n’est pas vraiment un rôle que le théologien Gabriel de Montmollin aime jouer. «Quand on pense aux prédictions des experts sur les votes sur les minarets, sur le Brexit ou sur l’élection de Donald Trump, on devrait arrêter de vouloir jouer les voyants de ce que sera 2046», a-t-il ironisé. Il était pourtant invité à présenter devant le Synode d’arrondissement jurassien une réflexion sur l’avenir du Centre social protestant Berne-Jura (CSP-BeJu).
«Notre volonté était de réhabiliter la théologie au sein du CSP», a déclaré Pierre Ammann, directeur du CSP-BeJu, expliquant le nombre important de théologiens associé aux festivités des 50 ans de l’organisation. «Nous voulions vivifier les relations du CSP avec l’Eglise et avec les paroisses qui nous soutiennent.»
Et Gabriel de Montmollin s’est livré avec brio à cet exercice. S’appuyant sur les thèses de Paul Tillich, il a rappelé que les religions devaient trouver un équilibre entre sensibilité au sacré, à la prophétie et à la mystique. Pour Gabriel de Montmollin, le CSP est un parfait exemple du rôle prophétique de l’Eglise: à la fois fou du roi et poil à gratter, il rend publiques des informations fondées qui dérangent souvent. Reprenant les paroles de Daniel Pache, ancien directeur du CSP-VD, Gabriel de Montmollon prévient donc: «Si le CSP ne fait que reproduire ses activités, il sort de son rôle. Il doit confier certaines de ses missions aux services publics.» Reformulé: «si le prophète devient thérapeute, il n’a plus le temps de chercher de nouveaux messages.»
Gabriel de Montmollin, invite donc le CSP à toujours rester éveillé pour répondre aux nouveaux lieux de misère et sensibiliser la population à de nouvelles réalités. «L’un des moteurs de l’aide sociale prophétique, c’est l’imagination», a prévenu le théologien. Il a fait le constat qu’aujourd’hui les principales causes de la paupérisation de la population sont à chercher autour de l’éclatement des familles, et de la non-pérennité de l’emploi.
Partant de ce constat, Gabriel de Montmollin a imaginé cinq pistes sur lesquelles le CSP pourrait imaginer jouer un rôle. Favoriser le lien social entre les générations, puisque les sociologues prédisent l’augmentation des conflits entre générations. La perte de lien entre travail et revenu, causé par la robotisation, devrait pousser l’organisation à repenser rapidement à un projet de revenu universel. «L’Europe entière a parlé de la votation sur ce sujet. Le peuple n’était pas prêt, mais on voit bien que l’on touche à une problématique qui interpelle.» Gabriel de Montmollin a également invité le CSP à travailler la question du logement, pour les migrants comme pour les plus jeunes, et de songer à proposer des consultations, pour aider les organisations ou personnes qui souhaitent s’investir dans l’économie verte. Enfin, compte tenu de sécularisation de notre société, pourquoi ne pas fusionner les organisations protestantes afin d’économiser des ressources?
«Peut-être que certains de ces axes devront être abandonnés après une rapide réflexion, mais il ne faut pas cesser de se réinventer», a prophétisé le théologien.
Le Synode soutient le centre de Sornetan
L’assemblée du Centre de Sornetan qui se réunissait également samedi a élu l’ancien procureur régional Pascal Flotron à la présidence du comité du Centre. Il succède à Jean-Jacques Schumacher qui quitte ce poste pour des raisons de santé. Les offres de formation pour les Eglises se poursuivent en 2017, tout comme des offres de formation spirituelles et des formations pour parents. Plusieurs expositions sont aussi planifiées. Le Centre a fait de nombreuses rénovations qui lui permettent de développer son activité hôtelière. La prochaine saison s’annonce plus difficile. Le directeur du Centre Daniel Krähenmann table sur une baisse de 13% des nuitées. Les membres du Conseil du Synode jurassien souhaitent que les paroisses utilisent plus les infrastructures du Centre pour leurs rencontres. Elles bénéficieront d’un rabais de 25% qui sera compensé.
Les délégués au Synode ont accepté le budget 2017 du Conseil du synode jurassien qui s’élève à 1’145’900 francs. Les charges relatives au journal la Vie protestante ne figurent plus au budget de la Fondation Visage protestant suite à la fusion des journaux d’Eglise romands. Seules les activités liées aux médias électroniques sont désormais gérées par la Fondation.
Nicolas Meyer