Les évangéliques en attendent-ils trop du président Trump?

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Les évangéliques en attendent-ils trop du président Trump?

Emily McFarlan Miller
15 novembre 2016
Quelques jours après les élections, les élites évangéliques expriment leurs attentes vis-à-vis de Trump. Celles-ci tournent principalement autour des nominations à la Cour suprême, de l’avortement et des droits LGBT.

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Photo: Le vice-président élu Mike Pence et le président élu Donald Trump à New York après leur élection le 9 novembre dernier. ©Reuters/Mike Segar

Selon Ralph Reed, fondateur et président de la Coalition pour la foi et la liberté, Donald Trump aurait perdu l'élection présidentielle de 2016 si les évangéliques étaient restés chez eux le jour du vote, ou «si l’Enlèvement avait eu lieu». En effet, les évangéliques blancs représentaient un peu plus d'un quart de ceux qui sont allés voter: en gagnant 81% de leur vote, Trump s’est assuré la présidence. A présent, les évangéliques attendent beaucoup d'un président élu qui n'a pas mentionné Dieu dans son discours de victoire, qui était «fortement» en faveur des droits à l'avortement jusqu'à ce qu'il se prononce contre, qui a dit qu'il ne croyait pas au repentir, et qui a fait des commentaires obscènes laissant deviner des agressions sexuelles.

«Concernant ses déclarations très fortes sur la vie, sur le soutien à Israël, sur l'accord nucléaire avec l'Iran, sur la liberté religieuse et sur les juges, nous attendons qu'il tienne ses promesses... au peuple américain», a déclaré Ralph Reed mercredi 9 novembre dernier au National Press Club de Washington. «De ce que j’ai pu voir de Donald Trump en le côtoyant, j’ai l’impression que quand il dit qu'il va faire quelque chose, il le fait.»

La Cour suprême, un enjeu majeur

Dans un discours prononcé le mois dernier à la Liberty University, dont le président Jerry Falwell Jr. a très tôt soutenu la candidature de Trump, Ralph Reed a présenté le cas évangélique pour celui qui était alors le candidat républicain à la présidence, c’est-à-dire principalement son volte-face sur l'avortement, son engagement à nommer des juges conservateurs à la Cour suprême et son soutien exprimé à la liberté religieuse. Ce sont les thèmes que les évangéliques ont soulevés en discutant de leur soutien au candidat Trump et des attentes vis-à-vis du président élu, avant et après les résultats des élections mardi dernier.

Quelques jours avant les élections, Franklin Graham soulignait que les évangéliques étaient préoccupés par la personne qui remplacerait feu le juge Antonin Scalia à la Cour suprême. «Je pense que le vrai enjeu de ces élections n'est pas la petite bouche de Donald Trump ou les e-mails manquants d’Hillary Clinton», a-t-il déclaré à RNS jeudi 3 novembre. «Il s’agit bien de la Cour suprême, et en qui feriez-vous confiance pour nommer ses juges? Hillary Clinton dit qu'elle veut y placer des progressistes, or les progressistes sont essentiellement des athées.»

Après le vote, Ronnie Floyd, pasteur principal de la Cross Church dans l'Arkansas, a qualifié de «génial» le fait que Trump publie une liste de candidats possibles pour le siège de Scalia. Cet ancien président de la Southern Baptist Convention et membre du comité consultatif évangélique de Trump, a également affirmé croire que, dans les premiers jours de mandat de Trump, il désignerait pour la Cour «quelqu’un de très conservateur et de strictement constitutionnaliste. Les 100 premiers jours où Donald Trump sera président, je pense qu’il va penser à cela: je suis un chef d’entreprise, on m’a donné un emploi, je vais faire ce travail.»

Une politique anti-avortement

Les militants anti-avortement s’attendent à ce que la présidence de Trump défende l’association Planned Parenthood et renforce l’amendement Hyde, une disposition qui limite certains fonds fédéraux destinés aux avortements que la plateforme démocrate voulait abroger, cette année. Penny Nance du Comité d’action législative américain pour les femmes inquiètes a souligné n’avoir pas soutenu Trump durant les primaires, mais que le fait de surmonter «les obstacles de leur relation» avait aidé Trump à mieux les comprendre. «Maintenant, nous pouvons nous lever et dire: ‘C’est ce qu’il pense à propos de nos questions fondamentales’, ‘il les a acceptées’. Il a accepté une justice «pro-vie». Il est d’accord avec l’Amendement Hyde alors qu’Hillary Clinton y était opposée. Il comprend que nous voulons transférer le financement du plus grand fournisseur d’avortement du pays», a-t-elle expliqué.

Marjorie Dannenfelser de la Susan B. Anthony list, une organisation qui soutient les personnes politiques «pro-vie» a relevé que le mouvement pour les droits contre l’avortement avait été relancé depuis la dernière élection pas des efforts de la base. «C’est pourquoi nous sommes prêtes à croire réellement à toutes les promesses spécifiques faites par Donald Trump».

«Les évangéliques s’attendent également à ce que Trump n’oblige pas les entreprises à servir des clients lesbien, gay, bisexuel et transsexuel (LGBT)», a ajouté Michael Wear qui était engagé pour la campagne de réélection de Barack Obama.

Le révérend Samuel Rodiguez, président de la Conférence nationale de responsables chrétiens hispaniques, a dit: «L’idée selon laquelle la communauté évangélique marche de façon étroitement liée avec tout ce que dit et fait Trump est totalement erronée». En même temps, Samuel Rodiguez a relevé que les évangéliques avaient un «esprit débordant d’espérance» et que le président agirait par rapport aux questions qui comptaient pour eux. «Je crois réellement que ces 81% - une masse incroyable d’évangéliques – ont été cruciaux pour la victoire, mais la communauté évangélique n’est pas là pour entériner l’administration et la politique du président Trump».