Selon un thérapeute, le risque d’addiction est plus élevé chez les pasteurs

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Selon un thérapeute, le risque d’addiction est plus élevé chez les pasteurs

21 novembre 2016
Une vie exposée, avec une forte charge émotionnelle: le ministère est un métier à risque en ce qui concerne les addictions. Un thérapeute souhaite que l’Eglise fasse davantage de prévention.

Par Daniel Staffen-Quandt, Schwanberg, EPD/Protestinter

Photo: CC(by-sa)Amen Clinics

Hans-Friedrich Stängle, pasteur protestant et psychothérapeute, réclame une plus grande sensibilité envers les dangers d’addiction de la part de l’Eglise en tant qu’employeur. «La vie très exposée que suppose le métier de ministre, avec par exemple son poids émotionnel, est un facteur amplificateur de risques», a-t-il déclaré à l’Agence de presse protestante allemande EPD. On parle ici de dépendance à des substances, mais aussi de comportements addictifs à l’effet destructeur.

«Un bourreau de travail compulsif connaît des problèmes psychiques très proches de ceux d’un alcoolique», explique Hans-Friedrich Stängle. Il est le directeur de la Maison Respiratio, à Schwanberg, une ville de Basse-Franconie située près de Kitzingen. Cet établissement est un lieu de retraite pour travailleurs religieux épuisés. De nombreuses études ont fourni des indications comme quoi il y a un nombre d’alcooliques au-dessus de la moyenne parmi les pasteurs hommes et femmes, a affirmé Hans-Friedrich Stängle. L’établissement qu’il dirige n’admet toutefois personne qui souffre d’une addiction aux substances: «Lorsque l’anamnèse précédant la thérapie nous en montre des signes, nous devons refuser la personne». Ils ne sont pas habilités à gérer les addictions à l’alcool ou à la drogue.

Quant savoir si des centres d’aide et d’accueil à disposition des différents employés de l’Eglise sont une stratégie satisfaisante et suffisante, il ne peut se prononcer sur le sujet: «Mais une chose est tout à fait sûre: l’Eglise en tant qu’employeur ne peut se contenter de se reposer sur de telles institutions».

Des indices de consommation problématique d’alcool se manifestent souvent bien avant une addiction évidente: «Une personne qui a besoin d’une cafetière pleine pour démarrer le matin et qui “redescend” le soir avec de l’alcool ne boit plus par plaisir. On n’est alors pas encore dans la zone rouge, mais bel et bien passé à l’orange». L’Eglise en tant qu’employeur, la direction de la communauté, l’entourage social ont alors le devoir d’aborder les problèmes éventuels avant qu’il soit trop tard.

Hans-Friedrich Stängle, qui a lui-même longtemps vécu et travaillé aux Etats-Unis, trouve la gestion nord-américaine du sujet de l’addiction certes «très offensive» et posant donc un certain nombre de problèmes, mais couronnée de succès sur le fond. «Là-bas, quand un employé a un comportement suspect, il existe une équipe dédiée de collaborateurs qui aborde le sujet directement dans l’entreprise, à son bureau. Et dans le doute, on lui demande d’ouvrir ses tiroirs ou son armoire pour voir s’il n’y conserve pas de l’alcool», déclare-t-il. L’Eglise ne peut «adopter très exactement les mêmes pratiques», mais quelque chose doit être fait, insiste-t-il: «Même s’il ne s’agissait que de cas isolés, un seul, c’est déjà trop!»