«Il n’y a pas de liberté individuelle sans liberté collective»
Comme membre du Conseil suisse des religions (CSR), L’Eglise évangélique réformée de Suisse (EERS) se rallie-t-elle à cette prise de position?
Depuis le début de la crise, nous avons opté pour une position de solidarité avec le reste de la société, et en ce sens, les mesures prônées par le Conseil fédéral qui encouragent la vaccination et laissent la liberté d’obtenir un certificat Covid, notamment au travers du test, nous semblent équilibrées. Il faut toutefois préciser que le CSR n’est qu’une plateforme de dialogue. Ces prises de position n’ont pas un caractère contraignant pour les membres.
Il est encore plus difficile d’y obtenir un texte qui fasse consensus que cela peut l’être dans une seule Eglise membre. Dans le cas présent, nous pensons que les mesures prônées contribuent à la fin de la crise sanitaire.
Il est vrai que le titre du communiqué, «Personne n’a le droit de contaminer les autres», était peut-être un peu maladroit, mais le fond du message appelant à trouver un équilibre entre libertés individuelle et collective me semble tout à fait adéquat.
Il n’y a pas de liberté individuelle sans liberté collective et il me semble qu’encourager tous ceux qui le peuvent à se faire vacciner afin de nous protéger tous collectivement est un message que l’on peut porter solidairement.
Cette ouverture au certificat pourrait limiter l’accès aux Eglises. N’y voyez-vous pas une violation du droit à la vie spirituelle?
Nous sommes en contact régulier avec les services du Conseil fédéral lors des mises en consultation et avons défendu plusieurs exceptions. Récemment encore, nous avons obtenu la possibilité de nous réunir à 50 plutôt qu’à 30 et avons demandé des exceptions pour les enterrements, les services funèbres et les fêtes de Noël. Mais nous avons aussi toujours défendu la solidarité globale avec la société dans laquelle nous vivons.
Nous encourageons donc les paroisses et leurs ministres à faire preuve d’autant de créativité et de générosité que depuis le début de la crise pour permettre à tous de continuer à pratiquer sa foi, par exemple grâce à des cultes vécus par des moyens numériques, la multiplication des célébrations, etc.
Nous sommes aussi en train de mettre en place un contrat de collaboration sur le plan national avec une institution accréditée de formation compétente (ENSA), une formation pour sensibiliser les milieux d’Eglise aux questions de santé mentale. Nous sommes convaincus que la foi est un facteur favorable à cette dernière. C’est aussi un message que nous portons au niveau des autorités du pays.
Le vaccin et le certificat déclenchent des réactions parfois violentes. Y voyez-vous un signe de défiance des élites?
Il y a peut-être des réflexes de cet ordre-là et les Eglises sont bien placées pour savoir que cela existe, elles y sont aussi confrontées. Mais j’y vois davantage un signe de notre société qui fait passer les libertés individuelles avant toute considération de solidarité et de bien commun.
Le certificat est devenu le cheval de bataille d’un certain individualisme exacerbé. Je pense que nous devons revaloriser des valeurs plus communautaires.
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