L’Eglise protestante de Genève a mal à ses membres
Photo: Le Consistoire de l’Eglise protestante de Genève
«Jamais l’Eglise genevoise n’a dû expliquer qui elle était ni ce qu’elle faisait, parce que c’était inscrit dans les gènes de tout protestant genevois. Si on reconnaît que l’on ne naît plus forcément protestant à Genève, alors nous sommes prêts à débattre du statut de membre.» C’est par ces mots que le président de la Commission d’étude du statut de membre de l’Eglise protestante de Genève (EPG) a introduit le débat autour du rapport qu’il présentait au Consistoire, l’organe délibérant. Ce rapport est l’une des conséquences de la volonté de restructuration initiée en 2013, et comprend des considérations légales et théologiques. Il s’agissait pour la commission de faire état de la situation actuelle et d’établir des bases pour le futur.
La politique plébiscitée par le rapport est celle du juste milieu: la commission n’a pas voulu choisir entre les définitions «confessante» et «multitudiniste» (qui s'occuper spirituellement de l'ensemble d'une population) du membre, postulant que «l’EPG reste multitudiniste mais s’ancre à des publics qui lui sont proches, selon les différentes catégories: culturelles, familiales, éthiques, cultuelles, diaconales, etc.» «Le rapport nous donne une base de discussion», a pour sa part commenté Emmanuel Fuchs, président de l’EPG. «Il donne des pistes, notamment sur les questions administratives, mais ne va pas assez loin: c’est à nous de poursuivre le travail. Nous sommes face à une révolution dont nous n’avons pas pris toute la mesure en Eglise. Nous allons devoir trouver les portes d’entrée pour les futurs membres, et il y a là une marge de progression qui implique l’effort de tous.» Lors du vote, le Consistoire a donné décharge à la Commission, saluant unanimement le travail accompli et établissant le rapport comme fondation des travaux à venir.
Une situation financière difficileCe débat sur le statut de membre prenait justement place après la présentation des derniers chiffres concernant les dons. L’EPG enregistre à l’heure actuelle 14% de dons en moins qu’en 2015, et 27% en moins qu’en 2014 à la même époque. Cela s’explique peut-être par le décès de certains donateurs, mais pas uniquement. «Quand je compare la situation actuelle avec celle de l’année dernière, je trouve 2’000 donateurs qui n’ont pas encore donné.» a expliqué Eric Vuillez, responsable des finances. «C’est à nous de parler à nos membres et d’essayer de regagner leur confiance.»
Deux nouveaux «ministères pionniers»
Jeudi soir, deux ministères pionniers ont été présentés au consistoire, tous deux ayant comme point commun le témoignage. Le premier, intitulé «Témoigner ensemble à Genève», vise à faire le lien entre les Eglises historiques et les Eglises issues de la migration. Il s’agira pour Gabriel Amisi, ministre en charge, d’encourager toutes ces communautés à se reconnaître, à se valoriser entre elles pour pouvoir ensuite se réunir et témoigner ensemble.
Anne-Christine Menu occupe le second ministère pionnier, «Témoignage». Avec une équipe de laïcs, elle a choisi le biais de l’écologie pour atteindre les marges de l’Eglise, notamment dans le cadre d’un jardin urbain. L’objectif est de créer des occasions de rencontre grâce au mouvement d’écospiritualité qui touche aussi les Eglises.