Réflexions sur l’homosensibilité en Eglise

Couverture du livre de Nicole Rochat, Homosensibilité et foi chrétienne / ©Editions Olivétan
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Couverture du livre de Nicole Rochat, Homosensibilité et foi chrétienne
©Editions Olivétan

Réflexions sur l’homosensibilité en Eglise

28 avril 2021
Éclairages
La pasteure et sexothérapeute neuchâteloise Nicole Rochat vient de publier un ouvrage qui traite de la question de l’homosexualité en Eglise. Une présentation Zoom est prévue début mai pour toutes les personnes intéressées.

La question de l’homosexualité en Eglise reste délicate. Même si une grande évolution a été faite dans le domaine, le sujet suscite encore quelques crispations. On préfère éluder la question pour ne pas engendrer des discussions sans fin. Une erreur pour la pasteure Nicole Rochat qui prône un dialogue ouvert et constructif: «De manière générale, les Eglises ne sont pas à l’aise avec la sexualité. Lorsque l’on aborde les questions d’homosexualité, cela débouche souvent sur des positions figées ou un certain silence. J’admets que le sujet n’est pas facile, mais il mérite d’être abordé.» En matière de terminologie, la pasteure préfère utiliser le terme d’homosensibilité pour ne pas réduire les réflexions au simple domaine physique: «Cela n’est pas qu’une question de sexualité, cela concerne une orientation intérieure qui débouche sur des relations fortes entre deux êtres», ajoute-t-elle.

Son ouvrage se base sur les observations qu’elle a pu faire dans les Eglises réformées de Suisse romande et sur les débats parfois polémiques qui en ont découlé: «Je souhaite sincèrement m’adresser à tout le monde, quel que soit son avis sur la question, en proposant des pistes pour avancer. Je ne veux pas créer de polémiques stériles. J’aimerais juste donner des outils qui pourraient permettre de voir certaines choses autrement», ajoute Nicole Rochat. 

Ancrage biblique

Afin de pouvoir développer son propos, la sexothérapeute s’est penchée sur les textes bibliques servant de références à des interprétations condamnant certains comportements. Pour elle, vouloir interpréter la Bible comme un traité de morale sexuelle avec nos critères actuels est plus que hasardeux: «Il faut prendre en compte les critères sexuels de l’Antiquité pour bien comprendre certains écrits. Que cela soit dans l’ancien Israël ou dans le bassin gréco-romain, tout est basé sur une conception hiérarchique. Les relations horizontales n’existaient tout simplement pas à cette époque. Nous sommes bien loin des notions de réciprocité, de consentement et de respect mutuel que nous vivons aujourd’hui. Pour exemple, des relations sexuelles entre un maître et son esclave ne posaient pas de problème, alors qu’il était inacceptable qu’il en ait avec une personne de même rang. Cela posait moins de problèmes entre femmes, puisqu’elles étaient considérées, par nature, comme de niveau inférieur, malheureusement…» La pasteure se défend toutefois de vouloir réinterpréter les textes à sa manière en cherchant à valider un propos qui serve une argumentation unique.

L’orientation sexuelle ne devrait pas être facteur d’exclusion 

Accueil inconditionnel

Pour la pasteure, l’orientation sexuelle ne devrait pas être un facteur d’exclusion: «Dans les Evangiles, Jésus accueille toute personne, quels que soient son rang social, ses origines ou sa réputation. Durant son ministère, il a certainement dû côtoyer des personnes homosensibles. Un verset de Matthieu 19 fait référence aux eunuques pour lesquels il semble afficher un profond respect. Selon moi, il pourrait faire référence à des questions d’orientations sexuelles innées», interprète la pasteure. Pour elle, il est important de souligner que l’homosensibilité n’est pas un choix, mais une tendance présente dès la plus tendre enfance ou, pour citer Mathieu 19:12, «depuis le ventre de leur mère». 

Conférence Zoom

Sa 1er mai, 18h, visioconférence de Nicole Rochat interviewé par le journaliste Michel Kocher, suivi d’un temps de questions-réponses. 

Livre

Homosensibilité et foi chrétienne, Nicole Rochat, Editions Olivétan, Collection Comment faire…, 2021, 250 pages. Préface de Pierre Bühler