Visas: la décision de Trump affecte des milliers de chrétiens irakiens
Photo: Ahmed Jadallah RNS/Reuters
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«Ces gens désirent continuer leur vie en Europe, au Canada, en Australie ou en Amérique», a souligné l’archevêque Bachar Warda de la ville irakienne d’Irbil lors d’une conférence de presse à Rome. Or, malgré la promesse du président américain de favoriser les réfugiés chrétiens tentant d’entrer aux Etats-Unis, «sa décision va leur rendre la tâche plus difficile. Distinguer qui est chrétien ou musulman à travers un simple nom n’est pas aisé».
L’archevêque persona non grataL’archevêque de l’Eglise catholique chaldéenne d’Irak, la plus grande communauté chrétienne du pays décimée depuis l’invasion américaine en 2003, a été personnellement affecté par la mesure. Après une halte à Rome, il aurait dû rencontrer les législateurs républicains et démocrates à Rome pour discuter de la situation critique des chrétiens déplacés par les violences perpétrées par les djihadistes de l’Etat islamique. Mais il a été forcé d’annuler son voyage. «Je fais partie de ces gens qui ne peuvent pas se déplacer librement», regrette-t-il.
Un favoritisme meurtrierLa politique d’immigration préférentielle pour les chrétiens est un «piège» qui va «créer et nourrir» les tensions avec les musulmans, a par ailleurs déploré le patriarche chaldéen de Bagdad Louis Raphaël Ier Sako. «Toute politique d’accueil qui discrimine les souffrances et les persécutions au nom d’une appartenance religieuse porte atteinte aux chrétiens du Proche-Orient parce qu’entre autres, cela donne des arguments aux préjugés et à la propagande selon lesquels ces communautés sont des “corps étrangers” soutenus et défendus par les puissances occidentales», a précisé le patriarche dans une interview à l’agence de presse Fides.
«Ceux qui cherchent de l’aide ne doivent pas être triés selon leur étiquette religieuse. Et nous ne voulons pas de privilèges. C’est ce qu’enseigne l’Evangile, et ce qu’a souligné le pape François qui a accueilli des réfugiés à Rome sans distinction de foi», souligne-t-il.
Un conflit qui perdureLes leaders religieux catholiques, protestants et évangéliques ont critiqué avec virulence la politique de Donald Trump, la qualifiant de discriminatoire et inhumaine. Ils affirment que sa décision dresse les religions les unes contre les autres.
L’archevêque Bachar Warda espère, lui, que Donald Trump utilisera son pouvoir pour faire advenir la paix au Proche-Orient et ailleurs dans le monde. «Nous voudrions voir un monde plus paisible, sans violence ni extrémisme. Le Proche-Orient a trop souffert», déplore-t-il.
Le conflit irakien est loin d’être résolu: la bataille entre les forces irakiennes et les membres de l’Etat islamique fait désormais rage dans la ville stratégique de Mossoul. Dans ce pays en ruines, le nombre de chrétiens a chuté de 1,3 million en 1987 à moins de 300’000 aujourd’hui, selon des estimations de communautés chrétiennes. Environ 100’000 réfugiés chrétiens irakiens vivent dans des camps au Liban, en Turquie et en Jordanie.