L’autorité en Eglise: qui doit prendre les rênes?

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L’autorité en Eglise: qui doit prendre les rênes?

Laurence Villoz
20 mars 2017
Qui doit diriger l’Eglise, un président, une direction, un conseil? Le Consistoire de l’Eglise protestante de Genève, réuni les 16 et 17 mars derniers, s’est penché sur la question de l’autorité, du pouvoir et de la gouvernance.

Photo: Emmanuel Fuchs dans le temple de Malagnou

«Jusqu’à quel point sommes-nous prêts à reconnaître une autorité déléguée? Tantôt nous regrettons une autorité peu marquée, tantôt nous refusons l’autorité. C’est une question subtile», lâche Emmanuel Fuchs, le président de l’Eglise protestante de Genève (EPG). Lors du consistoire qui s’est déroulé les 16 et 17 mars derniers, au temple de Malagnou, les délégués ont débattu de la structure actuelle de l’EPG. «Il ne s’agit pas d’un putsch constitutionnel du Conseil du consistoire, mais de revisiter le modèle. Nous avons désormais suffisamment de recul pour évaluer ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas», précise le président.

En 2005, l’EPG a changé sa structure. Souhaitant professionnaliser sa gouvernance, elle a créé un poste de directeur, occupé par le pasteur Jean Biondina jusqu’en 2012. Depuis son départ, la direction de l’organisation est assurée par trois codirecteurs, Alexandra Deruaz, responsable de la communication, Michel Chatelain, responsable des ressources humaines et Eric Vuilliez en charge des finances et de l’immobilier qui prendra sa retraite en 2018. «Alors que nous devrons remplacer un des codirecteurs, nous voulons vérifier que le système actuel répond aux attentes et aux défis de l’EPG», relève Emmanuel Fuchs.

Interpellés par cette question les délégués ont fait part de leurs avis variés. «La création d’une direction en 2005 n’a pas été un succès. Le conseil du Consistoire devrait disposer d’une administration et non pas d’une direction. L’autorité ne devrait venir que de personnes élues. Une Eglise aussi petite que la notre n’a pas besoin de direction», observe Daniel Pilly de la paroisse Saint-Pierre. Des propos controversés par André Molnar de la région Centre-ville rive droite: «J’ai le souvenir cuisant des années 2000 à 2005. C’est à cause de cette expérience que nous avons créé une structure plus professionnelle. Si nous voulons survivre, nous avons besoin de professionnels. Je suis en faveur d’une direction, quelle que soit son nom».

Pas d’autorité sans pouvoir

«On ne peut pas parler d’autorité sans aborder la question du pouvoir. On ressent un certain malaise à l’échelle des régions, car elles ont un certain pouvoir alors qu’elles n’ont aucune assise légale», souligne Roger Durand de la paroisse de Lancy— Grand-sud. Le Consistoire reviendra sur ces questions au mois de septembre et prendra une décision en novembre 2017.

Parallèlement à ces discussions, le Consistoire (l’organe délibérant) a accepté à l’unanimité le budget 2017-2018 qui présente un déficit de 140'000 francs, légèrement moins que ce lui de 2016-2017 avec 171'000 francs. «Nous constatons une diminution importante des dons, mais elle est compensée par une augmentation des legs», relève Eric Vuilliez. Et le trésorier et membre du conseil du Consistoire Rémy Aeberhard d’ajouter: «Nous nous rapprochons de notre objectif, à savoir des comptes équilibrés en 2020».

Par ailleurs, la direction et l’administration de l’Eglise vont quitter leurs locaux à la rue du Cloître pour s’installer à la Jonction fin juin. L’inauguration publique de leur nouveau lieu de travail se déroulera les 23, 24 et 25 juin. De plus, le président Emmanuel Fuchs a annoncé que le Consistoire rouvrirait le dossier sur la bénédiction pour les couples de même sexe en novembre prochain. En 2006, la question avait déjà été abordée, mais les délégués avaient choisi de ne pas se pencher sur cette question à ce moment-là.