L'humain est fait de relations
Chaque rencontre, chaque émotion suscitée par un moment de partage nous construit. Et finalement, il n’y a pas de honte à reconnaître que sa personnalité tient beaucoup de sa famille, un peu d’amis et de connaissances, mais aussi un petit peu de ces moments de bonheur passés à promener un chien ou à caresser un chat. Tous ceux avec qui nous avons fait lien nous ont construit comme nous les avons construits.
Mais comment tous ces liens sont-ils choisis? Les journalistes utilisent parfois l’expression un peu cynique de «mort kilométrique» pour expliquer pourquoi l’on accordera davantage de place dans le canard local à une mort accidentelle au coin de la rue qu’à un tremblement de terre meurtrier à l’autre bout du monde. Ce qui nous est proche nous intéresse plus et cette proximité n’est pas forcément géographique, elle peut être temporelle, sociale, etc. Pour moi, il est évident que des mécaniques similaires sont impliquées dans nos vies relationnelles.
Pour preuve, le sort de l’animal de compagnie dans lequel vous pouvez vous projeter vous importe plus que celui d’un vermisseau gluant. Certains scientifiques s’alarment, d’ailleurs du fait que les animaux moches peinent à obtenir l’attention des programmes de sauvetage des espèces en voie d’extinction.
Mon propos n’est pas de vous convaincre de prendre une taupe à nez étoilé comme animal de compagnie sous prétexte qu’elle vous décentrerait plus qu’un «bête» bouvier bernois. Simplement, à l’heure où nos vies dépendent des calculs d’algorithme qui définissent à notre place ce qui nous intéresse, quelle place laissons-nous à ces rencontres improbables qui sont celles qui nous bousculent le plus?