La pratique du jeûne permet la découverte de soi

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La pratique du jeûne permet la découverte de soi

Caroline Amberger
13 avril 2017
Quinze étudiants de l’université et de l’école polytechnique de Lausanne ont pratiqué une semaine de jeûne dans le cadre du carême, en partenariat avec la campagne œcuménique de Pain pour le prochain et Action de carême et sous la supervision de l’aumônerie des hautes écoles. Trois étudiants racontent cette expérience.

Photo: de gauche à droite: Guillaume, Noémie et Diane (étudiants) et Alexandre Gravend (aumônier).

Diane est une habituée de cette pratique. Etudiante en génie électrique à l’EPFL, elle a décidé cette année de répondre à l’invitation faite aux étudiants par les aumôniers de l’université et de l’école polytechnique de Lausanne. «La dimension du groupe a été magique pour moi, d’habitude je pratique seule». Une découverte pour cette scientifique qui souhaite travailler dans les énergies renouvelables. «Nous sommes ensemble dans la même galère», explique-t-elle. «La question de l’alimentation et du jeûne pour la terre — thème de la campagne œcuménique — est une dimension importante pour moi. Parfois difficile à faire comprendre à l’entourage qui peut même s’inquiéter d’une telle pratique».

Ces temps de partages ont enrichi une expérience d’abord individuelle et ont permis des réflexions plus orientées sur l’aspect spirituel. Noémie est étudiante en théologie, novice en la matière elle avait prévu d’élaguer les cours pour vivre pleinement son premier jeûne. «Je pensais tout le temps à la nourriture, mais ce n’était pas douloureux.»

Cette pratique alimentaire excentre au-delà de l’habitude pour cette sportive qui pratique l’escrime médiévale: «Je n’ai pas tenu l’heure d’entraînement ce qui m’a appris un lâcher-prise et c’est spirituellement bénéfique. Pendant le jeûne, tout est amplifié, les odeurs, les bruits et paradoxalement ce retour à soi mène vers les autres.»

«Seul j’aurais craqué», explique Guillaume. «Je ne pensais pas que ce combat allait être si fort avec moi-même.» Cet étudiant en théologie partage son cheminement intérieur. «Au début, ça m’a énervé, je ne pouvais plus faire les choses comme avant. J’ai pris le temps de me promener au bord du lac. En surface, il y a les vagues, mais dans le fond tout est calme. Et c’est cette découverte intérieure que j’ai pu faire. Cela m’a permis de revisiter le “donne nous notre pain” du Notre Père et d’y découvrir une autre dimension». Si les coups de blues sont possibles en fin de journée, le partage a permis aux étudiants de se retrouver et de créer des liens.

Xavier Gravend, aumônier qui a suivi avec son collègue Alexandre Mayor ce groupe en pratiquant lui aussi ce jeûne rappelle le sens de cette pratique à l’université. «Cette année, le lien avec la terre était le thème de la campagne œcuménique dans le cadre du carême. Il y a trois axes dans cette démarche: une dimension spirituelle, voire écospirituelle, pourrait-on dire, une physique ou de santé et une troisième de solidarité». Cette démarche ouverte à tous a sans doute permis d’expliquer la présence très diversifiée des étudiants. Tout le monde peut y trouver son compte.

Après le jeûne un retour à la normale? «Je mange chaque bouchée avec plus de conscience et je redécouvre la saveur des choses», constate Guillaume. Xavier Gravend constate quant à lui un réel bénéfice en termes de santé. Ses allergies ont diminué. Il rajoute qu’«entrer en communion avec ceux qui ont faim a été très puissant».

Un protocole pour faire un jeûne

Le jeûne se passe en trois temps répartis sur 4, 7 et 4 jours. Les quatre premiers jours comportent une diminution progressive des aliments. Le jeûne se déroule ensuite durant sept jours. Des eaux de cuisson de légumes peuvent être ingérées ainsi qu’un jus de fruits pressé. La réintroduction de l’alimentation se fait progressivement et commence par une pomme.