Choisir le refuge, pas le repli
Les retraites, Alain Monnard les connaît bien: c’est son métier ou presque. Ce pasteur gère la maison vaudoise de Crêt-Bérard, qui accueille 25'000 personnes chaque année dans le cadre de séminaires, événements ou venues spontanément pour un temps «hors du monde». De patrons qui gèrent des millions de chiffre d’affaires, à des personnes touchées par un licenciement, une séparation ou un deuil, son «public» est très vaste.
Une oasis
Avec son expérience d’accompagnant, il sait repérer les démarches qui seront fructueuses de celles qui risquent de s’enliser. «Une retraite, c’est une oasis, une zone confortable, avec moins de stress, de sollicitations, de bruit. Lorsqu’on en profite dans un lieu protégé et calme, le risque est de se couper des réalités», pointe-t-il. A trop déconnecter et prendre soin de soi, le danger est grand de manquer la vraie transformation visée: celle de son quotidien.
Si une retraite peut apaiser ou atténuer des tensions à court terme, son but n’est pas de guérir des bleus à l’âme, mais de se reconnecter à soi, pour faire face avec plus d’aisance aux multiples défis que nous réserve la vie. Se retirer pour améliorer la qualité de nos liens. L’autre risque, lorsque l’on souhaite aller vers son soi profond, est de se mettre à nu auprès des mauvaises personnes. Accepter de se dépouiller, d’être «déplacé intérieurement» rend vulnérable aux abus, à savoir l’emprise d’une personne exerçant une autorité spirituelle.
Quelques gardes-fous
La pasteure et journaliste Sabine Petermann-Burnat a travaillé à plusieurs reprises sur ce danger. Pour elle, plusieurs garde-fous existent. D’abord toujours s’assurer de l’ancrage spirituel du lieu où l’on se rend. «Nombre de communautés chrétiennes ont une tradition d’accueil millénaire, donc un sérieux et un savoir-faire (voir encadré). Dans les communautés de Grandchamp, de Reuilly ou de Taizé, cette inspiration a été retrouvée il y a plus de 80 ans», précise celle qui est aussi accompagnante spirituelle. La qualité et le professionnalisme des intervenants, formés, y sont assurés. Elle prône la prudence lorsqu’une communauté est centrée sur une personne et non sur une tradition reconnue. Et recommande de s’assurer que le cadre – financier, affectif et spirituel – est toujours clairement fixé. «La liberté doit être garantie à tous les niveaux.» Enfin, difficile de dire ce qu’est un «bon» accompagnement spirituel. Mais selon Sabine Petermann-Burnat, une règle permet d’éviter tout abus: «la centralité de l’écoute». Un accompagnant «doit d’abord partir de ce que vit la personne accompagnée et lui rendre ses compétences, plutôt que de vouloir imposer un contenu, un comportement ou des normes éthiques moralisatrices», estime-t-elle. D’un autre côté, charge aussi à la personne en retraite de ne pas s’attendre à trouver des solutions clés en main.
Quatre manières de «se retirer»
Ecrivez
Une fois par jour ou par semaine, prenez la plume pour correspondre avec une personne de votre choix. L’occasion de faire le tri sur ses idées et ses pensées du moment.
Rangez
Au-delà du phénomène «Marie Kondo»*, trier, classer, jeter permet très concrètement de tourner des pages, de rouvrir des chapitres de sa vie passée. Prévoir du temps !
Coupez
Le «sans-écran» est difficile à mettre en oeuvre, tant nous sommes connectés. Mais si durant un mois, vous emportiez un livre qui vous ressource dans les transports publics?
Sélectionnez
Choisissez 50 pièces – vestes, chaussettes, chaussures et sous-vêtements compris – et ne portez rien d’autre pendant quarante jours. Vous apprendrez à vous en sortir avec une garderobe plus réduite et saurez mieux quels vêtements sont importants pour vous. (source : EPER)
*Essayiste spécialisée dans le rangement et le développement personnel, la Japonaise Marie Kondo est l’auteure du best-seller La magie du rangement qui s’est écoulé à plus de deux millions d’exemplaires. Elle a inventé une approche innovante du rangement qui tend à allier rangement et développement personnel.