«Chanter est une forme d’engagement spirituel»
Photo: Flavie Crisinel
, réformés.ch
D’où vient votre gout pour la musique?
C’est quelque chose que mes parents m’ont transmis. Mon père a toujours chanté dans des chorales. Ma mère, elle, était très influencée par le gospel et chantait souvent des negro spirtuals (NDLR un type de musique vocale et sacrée né chez les esclaves noirs des États-Unis au xixe siècle et qui serait à l'origine du gospel) pendant que mon père l’accompagnait au piano. Donc depuis toute petite, je baigne dans la musique et plus particulièrement le chant. Comme mes trois frères.
Plus tard, vous vous formez au Conservatoire de Lausanne…
Oui, ainsi qu’à l’Ecole des Teintureries de Pully où j’ai étudié la comédie. Grâce à mon passage dans ces deux endroits, j’ai pu décrocher une bourse afin de passer une année au Québec où j’ai pu suivre des cours de Comédie musicale.
Peut-on vivre de sa voix?
C’est effectivement difficile mais j’ai aussi une formation d’enseignante. Un métier que je pratique à temps partiel et qui me permet de continuer de composer et de chanter sur scène.
Quels sont les productions qui vous ont marquée, ces dernières années?
Mon père mes frères et moi avons eu l’occasion de participer à l’émission «Un air de famille» de la RTS. Plusieurs familles interprètent des chansons devant un public qui vote pour les productions qu’il apprécie. C’était un moment magique. Nous avons remporté l’édition de 2013 ! Sinon j’ai aussi eu l’opportunité de jouer dans un spectacle qui a beaucoup tourné en Suisse et en France. Dans «Ma vie avec Martin Luther King», écrit par Jean Nagel et interprété par le Théâtre de la Marelle, je jouais le rôle de son épouse, Coretta. La pièce était portée par des gospels. A travers cette pièce j’ai appris à connaître Martin Luther King et ses combats à travers sa femme. C’était une battante, elle a joué un rôle très important dans le combat pour les droits civiques aux Etats-Unis.
Et maintenant, où vous produisez vous?
On me propose souvent de venir chanter dans différentes paroisses évangéliques ou réformées, pendant les cultes. C’est quelque chose qui fait vraiment sens pour moi: chanter c’est une forme d’engagement spirituel. Je considère ma voix comme un don. Un don que le Seigneur m’a octroyé. Quand je chante je me sens connectée et je crois que le public peut aussi ressentir cela. En tout cas je vois bien que cela fait du bien tout autour de moi.
Dans votre dernier album, Gosp’elle, vous alternez les chansons en français et les gospels. Mais au fait ça peut se chanter en français le gospel?
A mon sens ça se chante d’abord en anglais ! Parce que ça vient des Etats-Unis et que l’anglais est la langue que les afro-américains ont dû s’approprier. Des traductions ont été entreprises mais je trouve qu’on y perd beaucoup de choses. Cela dénature parfois le texte original et c’est moins brut. Mais je connais une très bonne traduction d’«Amazing grace» que j’ai eu l’occasion de chanter. C’était un joli clin d’œil à l’intention du milieu francophone devant lequel je mets produis régulièrement.
Retrouvez la voix de Flavie Crisinel ainsi que les dates de ses prochains concerts sur son site: flaviecrisinel.com