Les conservateurs afro-américains refusent d’être associés au combat des LGBT

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Les conservateurs afro-américains refusent d’être associés au combat des LGBT

Adelle M. Banks
3 novembre 2017
Alors que les luttes des minorités sont souvent mises dans le même panier, les conservateurs religieux afro-américains ont en marre que leur combat soit comparé à celui des LGBT

Photo: Le révérend William Avon Keen © RNS

, Wahington, RNS/Protestinter

Le clergé conservateur afro-américain a accusé les activistes de la cause lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres (LGBT) de détourner le mouvement des droits civils. Les responsables religieux ont donc lancé une campagne pour soutenir un pâtissier du Colorado qui a refusé de réaliser un gâteau pour un mariage gay.

Le révérend William Avon Keen, président de la Southern Christian Leadership Conference en Virginie, a déclaré aux journalistes fin octobre que les efforts du mouvement des droits civils pour obtenir des accès égaux à l’éducation et aux soins ne pouvaient être comparés avec la demande d’un couple gay pour un gâteau de mariage. «Nous nous sommes battus pour être traités de manière égale à cause de la couleur de notre peau», a-t-il expliqué en présence d’autres pasteurs noirs lors d’une conférence de presse devant la Cour suprême. «Les chrétiens ne devraient pas être forcés de soutenir le péché».

Se servant de vidéos et d’images provocatrices, le message de la campagne de soutien pour le pâtissier, «nous te vengerons, Jack», affirme que le combat pour les droits civils afro-américains n’est pas comparable à celui des LGBT. Cette démarche a évidemment jeté de l’huile sur le feu dans le débat autour de l’affaire qui sera entendue au tribunal le 5 décembre prochain.

Un montage discriminant

Une des images de la campagne est un montage à partir d’une photo d’époque qui montre une fontaine à eau pour les «blancs» à côté d’une autre pour les «noirs». A droite de ces deux fontaines a été ajouté une troisième aux couleurs arc-en-ciel «LGBT», accompagnée de la légende: «une de ces fontaines à eau n’a jamais existé».

Le révérend Dean Nelson, président de la Fondation Frederick Douglass, un groupe de politique publique composé principalement de républicains, a précisé que le but de la campagne était de «soutenir Jack Phillips ainsi que toutes les personnes qui ont la foi et qui veulent simplement avoir le droit à la vie, à la liberté et à la recherche du bonheur». «Le gouvernement existe pour protéger ceux qui ont des opinions et des points de vue diversifiés, et non pas pour les punir», a ajouté Dean Nelson, qui est également un des responsables des affaires afro-américaines au Family research council.

L’affaire de la Cour suprême qui oppose le fabricant de gâteau Masterpiece Cakeshop à la Commission des Droits civils du Colorado a débuté en 2012. A cette époque, un couple gay de Denver, David Mullins et Charlie Craig, souhaitait que Jack Phillips réalise un gâteau pour leur mariage. Le propriétaire de Masterpiece Cakeshop a refusé arguant que cela enfreindrait ses profondes croyances chrétiennes. Le couple a porté plainte pour discrimination et a gagné devant la Commission des droits civils du Colorado et dans les tribunaux d’Etat.

Une coalition conservatrice

Le clergé conservateur afro-américain a été rejoint par des membres de l’Alliance pour la défense de la liberté (Alliance defending freedom) et par l’Action de recherche et de conseil de la famille (Family research council action), des groupes qui soutiennent Jack Phillips, de même que Janet Boynes, la fondatrice d’un ministère à Minneapolis qui propose un «conseil spirituel à ceux qui choisissent d’en finir avec l’homosexualité».

Janet Boynes, qui se considère comme une «ex-lesbienne», est également opposée aux efforts des activistes qui assimilent les mouvements des droits civils à ceux des droits pour les homosexuels. «Je refuse qu’on compare ma race à ce que les gens font au lit», a-t-elle souligné. «Il n’y a aucune comparaison. Cela ne fait que banaliser la discrimination raciale».

Sollicité à la suite de la conférence de presse, le révérend Cedric Harmon, directeur général de Many Voices – un mouvement d’Eglise noire pro-LGBT – a rejeté la campagne. «En tant que croyant et chrétien, je ne crois pas que quiconque dans les affaires devrait se servir de ses croyances religieuses pour discriminer un membre d’une communauté marginalisée, cela ne ferait qu’ouvrir la porte à la discrimination contre toutes les autres communautés en marge».