Le partage des tâches domestiques ne devrait plus être une utopie

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Le partage des tâches domestiques ne devrait plus être une utopie

Caroline Amberger
4 octobre 2017
L’association Männer.ch a lancé ce lundi à Neuchâtel son programme national MenCare, en Suisse romande
Pour des pères plus présents à la maison et une meilleure répartition des tâches.

Photo: Une des photos de l'exposition © Johan Bävman/mencare.swiss

Le vernissage de l’exposition «Papas en Suisse» a marqué le lancement en Suisse romande du programme MenCare de l’association faîtière des organisations d’hommes et de pères Männer.ch, ce lundi à Neuchâtel. Treize portraits de papas s’occupant de leurs enfants à temps partiel feront dès le mois d’octobre le tour de la Suisse romande. «Les femmes n’ont pas une prédisposition biologique au travail non rémunéré», a expliqué Markus Theunert, directeur du programme national Mencare. Un véritable défi reste à relever, «celui de contribuer au changement des normes sociales».

Si le but de ce programme national est de promouvoir plus de liberté de choix, plus de flexibilité et plus d’engagement de la part des pères, de grands changements restent à faire en Suisse, un pays qui reste à la traîne avec un jour unique accordé en congé paternité et un taux de natalité qui stagne sous la moyenne européenne. «Répartir équitablement toutes les charges et les ressources entre les genres implique de partager la responsabilité du travail rémunéré et non rémunéré de manière égale entre les hommes et les femmes», a détaillé Markus Theunert. Une expérience qu’incarne Grégory Jaquet, qui partage à parts égales son temps au foyer et son activité professionnelle comme conseiller communal. Ce père de trois enfants n’a pas hésité à décrire une réalité: «il faut accepter de remettre en cause nos propres privilèges et dire que les tâches domestiques sont peu reconnues, non valorisées, parfois sales voire bruyantes ».

Un avis plus distancé pour Gerhard Andrey chez qui les enfants sont plus grands. «J’étais devenu un expert en changement de couches et ma femme l’était beaucoup moins. Maintenant que les enfants sont plus grands, c’est moins stressant. Ils ont leurs hobbies et les mercredis sont moins exigeants». Ce jeune père de famille est un partenaire directeur d’une entreprise d’informatique qui prône un nouveau modèle de management sans hiérarchie. «Les hommes s’ils ne se voient pas privés d’une carrière au sein de leur entreprise sont prêts à partager le travail domestique. 80 à 90 % des papas s’ils le peuvent prennent un jour pour être avec leurs enfants. La volonté est là, mais les systèmes de management n’offrent pas encore cette possibilité», a conclu ce jeune cofondateur qui a vu sa société doubler son nombre de salariés.

Des actions concrètes

Gilles Crettenand, coordinateur du programme MenCare en Suisse romande, a présenté les actions existantes à ce jour. Sensibilisation de la société suisse romande et soutien aux hommes se déclinent par des cours destinés aux futurs pères qui auront lieu dès le mois de novembre à Lausanne. Des interventions appuyées par le bureau fédéral de l’égalité vont se développer dans les grandes entreprises de Suisse romande sur les thématiques de la conciliation entre vie professionnelle et vie privée. Une carte interactive des offres et prestations destinées à des hommes, pères et futurs pères est également disponible tout comme un premier rapport Mencare Suisse « Patrie Suisse » est consacré aux pères en Suisse.

Redonner une place aux hommes

Les métiers du soin sont majoritairement représentés par des femmes. Un des objectifs de ce vaste programme est d’encourager le travail des hommes dans le domaine de la garde et des soins ou encore de participer à l’engagement bénévole des hommes dans les communautés, les Eglises ou les associations. Cette prise en compte de la dimension du soin permet également une prévention de la violence et se propose comme un outil de réalisation d’une justice sociale. MenCare s’est donné jusqu’en 2027 pour changer les mentalités.