Elle habite dans le même village que lui et il lui rend visite régulièrement, soit le dimanche, soit parfois en rentrant de l’école, dès qu’il descend du bus.

Alban va passer la journée chez sa grand-mère, car ses parents sont absents. Il sonne à la porte, la vieille dame vient lui ouvrir. Contrairement à l’habitude, elle n’a pas mis ses habits du dimanche: elle est habillée très simplement ce jour-là et porte son tablier de cuisine. Son manteau et son sac à main ne sont pas posés dans le salon, mais bien rangés dans la penderie du corridor. Bizarre, d’habitude à cette heure-là ils sont encore posés sur une chaise, car la vieille dame revient souvent du tea-room, où elle s’est arrêtée avec ses amies, croisées au culte du dimanche…

Décidément, Alban s’interroge de plus en plus et finit par demander à sa grand-mère si tout va bien.

«Bien entendu, mon petit, tout va bien. Il ne faisait pas très beau ce matin, je n’avais pas très envie de sortir pour aller au culte, et j’en ai profité pour te préparer ton dessert préféré: les risoles jurassiennes! Tu sais que c’est plutôt long à préparer…

– Mais tu n’es pas allée au culte? Pourtant tu y vas presque tous les dimanches…

– Oui et non, j’y étais quand même un peu, tout en cuisinant, grâce à la radio.»

C’est alors qu’Alban se rend compte que, sur le buffet du salon, est posé un poste de radio allumé, où il entend que l’heure des infos de midi arrive. Grand-mère s’assoit un moment dans son fauteuil, et écoute les dernières nouvelles. Alban s’assoit lui aussi.

Au moment du repas, Alban questionne grand-mère au sujet de ce qu’elle appelle le culte radio. Est-ce comme le culte, alors que l’on n’y est pas?

«Le culte radio, ce n’est pas tout à fait comme lorsqu’on est dans l’église avec toutes les autres personnes, vois-tu, mais la radio nous permet, par exemple quand on ne peut pas se rendre au culte, de participer tout de même. On peut chanter, on peut écouter la prédication du pasteur, on peut se recueillir et prier en même temps que les personnes qui y sont présentes.»

Alban commence à comprendre.

Sur la table du salon, il remarque un journal que lit souvent sa grand-mère et que l’on peut prendre à la sortie du culte: Réformés. Il découvre ce titre en couverture: «Les 100 ans du culte radio». Sa grand-mère lui explique alors que, depuis cent ans, le culte est retransmis à la radio pour toutes les personnes qui ne peuvent pas s’y rendre, et ce pour de multiples raisons: les gens malades à l’hôpital ou pas assez en forme pour sortir, les gens qui travaillent à ce moment-là, comme le boulanger dans son fournil, l’agriculteur sur son tracteur, l’infirmière durant sa pause, ou encore si le culte ne se déroule pas dans le village, mais dans un village plus loin.

Le culte est diffusé à la radio depuis cent ans, et avec le développement d’internet on peut l’écouter en différé grâce aux podcasts, ou même le voir en vidéo.

Alban aura appris beaucoup de choses ce dimanche avec sa grand-mère et en lisant son journal. D’un coup, il la regarde et lui dit: «Et l’école par podcast et à la radio, c’est pour quand? Car finalement, bien souvent, je n’ai pas envie d’y aller… Ce serait quand même plus cool à la radio!» Grand-mère et Alban éclatent de rire…