Le culte, ce pionnier de la radio
Le premier culte radio a été diffusé le 18 mai 1923 par le pasteur Raoul Dardel depuis un studio de fortune construit sur le tarmac de l’aérodrome de Cointrin. L’année suivante, un deuxième culte était diffusé à partir du Champ de l’Air à Lausanne, où il est vite devenu une émission régulière. «Les Eglises avaient alors à cœur de développer de nouveaux moyens de communication», souligne Marie Sandoz. La jeune historienne de l’Université de Lausanne a travaillé sur la question à l’occasion de ce centenaire qui sera célébré le 14 mai au temple de Morges.
Parallèlement à cet élan, de fortes résistances se sont manifestées au sein de l’Eglise, car certains craignaient que cette nouvelle technologie ne «corrompe» le culte traditionnel. D’autant que, pour ne pas lasser l’audience, la cérémonie a été légèrement raccourcie et la liturgie adaptée. «Les pasteurs en charge des ministères radio ont dû se battre pour convaincre les plus réticents que ce nouveau média pouvait être un moyen d’évangélisation important, à même de toucher des milliers d’auditrices et d’auditeurs», ajoute Marie Sandoz.
Succès auprès des fidèles
Mais dans une société suisse alors encore très religieuse, le nouveau cérémonial a rapidement remporté un grand succès auprès du public, relève Roxane Gray, qui a aussi travaillé à ce document historique qui sera bientôt publié dans les Grands Formats de la RTS. Certains prédicateurs, comme le pasteur de la cathédrale de Genève Henry Babel, faisaient figure de véritables stars des ondes. «On recevait des centaines de lettres demandant le texte du pasteur après la célébration», relève Michel Kocher, directeur de Médias-pro et producteur des cultes radio durant des années. Le culte radiodiffusé apportait visibilité et prestige aux ministres qui officiaient. Aujourd’hui encore, il reste l’une des émissions les plus écoutées d’Espace 2, mais dans des proportions moindres et relatives à la prégnance de l’Eglise dans la société, précise Marie Sandoz. Il rassemble néanmoins la plus grande communauté protestante de Suisse romande, avec 5000 auditrices et auditeurs.
Peu de changements
La présence à l’antenne n’a guère évolué. Certes, la participation est moins importante et la pratique du chant s’est appauvrie chez les fidèles. Aujourd’hui, les laïcs interviennent davantage dans la lecture des textes. Par ailleurs, l’époque des grands prédicateurs est révolue. «Il est désormais difficile de faire venir de bons orateurs au micro», souligne Michel Kocher. «Les pasteurs veulent généralement se partager le temps de parole et rechignent à céder la place aux meilleurs d’entre eux.»
Dès les débuts, les ministres ont été convaincus du rôle que pouvait jouer le culte radiophonique auprès des malades, des personnes âgées ou des personnes ne pouvant se déplacer. La célébration sur les ondes n’a jamais été considérée comme un pis-aller et les auditeurs et auditrices ont toujours été invité∙es à y participer activement. Bien entendu, assister à la communion en paroisse reste idéal. Mais les craintes quant à une concurrence du culte radio pour les cérémonies en paroisse ne se sont jamais vérifiées. «Ce n’est en tout cas pas lui qui a vidé les églises», note Marie Sandoz. Il a plutôt complété et valorisé leur offre, en enrichissant le panorama cultuel réformé.
Pratique
Le centenaire des cultes radio sera célébré le dimanche 14 mai au temple de Morges (VD). Culte à 10h, en direct sur RTS Espace 2 et en images sur RTS Deux.
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