Laurence Cretegny: la paysanne consacrera son labeur à Dieu

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Laurence Cretegny: la paysanne consacrera son labeur à Dieu

2 septembre 2024
Il reste seulement quelques semaines aux parents romands pour inscrire leur enfant au catéchisme, dans les Eglises catholiques et réformées de leur canton. Mais pourquoi vouloir éveiller son enfant à la religion chrétienne, en plus de ses cours de piano ou d’équitation?

Sans surprise, les chiffres liés aux inscriptions à un enseignement religieux hors de l’école pour les enfants, que ce soit du côté catholique ou du côté protestant réformé, sont continuellement à la baisse. Pour autant, en plus parents croyants, certains autres, qui avouent ne pas croire en Dieu, on fait malgré tout le choix d’inscrire leur progéniture au «caté». En effet, les connaissances de base qui y sont délivrées seraient autant de clés, selon tous les parents interrogés, pour permettre à leurs enfants de choisir s’ils ont la foi, si une autre religion leur conviendrait mieux ou si, finalement, ils préfèrent renoncer à toute relation à Dieu.

La majorité des parents interrogés confient être distancés, mais ont tout de même la foi. «On est croyants, mais pas très pratiquants», s’amuse Danielle Wäcker, secrétaire domiciliée dans le Jura. Elle qui a inscrit ses cinq enfants au catéchisme chez les réformés a un parcours un peu particulier: «Je voulais que mes enfants aient une éducation religieuse parce j’ai une vraie foi personnelle, mais je souhaitais qu’elle ait lieu hors du milieu évangélique, que j’ai décidé de quitter», relate-t-elle, confiant encore y avoir subi «certains pressions sociales». A Sierre, Agnès Zollinger, médecin élevée dans la tradition réformée, mariée à un ingénieur catholique, a décidé d’inscrire ses deux enfants au catéchisme dans l’Eglise réformée évangélique du Valais (EREV). Si elle se dit plus «distancée» aujourd’hui avec le milieu ecclésial, elle confie toutefois qu’il était important pour elle de transmettre à ses enfants son «attachement sincère à la foi chrétienne».

La foi ou pas

Les parents affichant très clairement leur foi se retrouvent davantage du côté catholique, comme chez ces Lyonnais installés dans la région morgienne: «Nous sommes des pratiquants occasionnels», confie Christelle Cellier-Theron, mariée à un informaticien. Leurs deux filles de douze et huit ans ont été inscrites au catéchisme parce que c’était «une évidence, au même titre que de s’épouser entre catholiques», confie-t-elle, avouant encore que «le souci de trouver le meilleur programme d’éducation religieuse, pour nos enfants, était important». Ce qui a été possible au sein d’une paroisse catholique morgienne. De son côté, Maria Cardoso-Gil, agent d’entretien mariée à un maçon, a trouvé à Martigny de quoi combler les attentes qu’elle et son époux avaient pour les enfants. Ces trentenaires, catholiques pratiquants arrivés du Portugal il y a une dizaine d’années, on inscrit leurs deux enfants dans une paroisse qu’eux-même fréquentent très régulièrement. «Même si le cadre dans lequel mon mari et moi avons été élevés était plus strict, je crois que ce parcours est essentiel à faire vivre à nos enfants. On se pose toujours des questions sur ce qu’il y a au-dessus de nous, et on croit toujours à quelque chose. Alors autant aider les enfants à construire cela pour eux-mêmes.»

D’autres parents, quant à eux, n’ont pas la foi du tout, et le confessent aisément. Ainsi de Séverine Hediger, enseignante mariée à un ingénieur. Tous deux sont catholiques et domiciliés à Colombier (NE). Ils ont inscrit leurs trois enfants dans l’Eglise réformée évangélique du canton de Neuchâtel, à cause de bons contacts établis avec la pasteure de leur village. «J’étais moi-même très investie dans l’Eglise catholique étant jeune, et j’y ai vécu des moments de partage que je souhaite de tout cœur à mes enfants.»

Est-ce donc vraiment une transmission de la foi et des connaissances bibliques que ces parents attendent en inscrivant leurs enfants à ces cursus, ou surtout des expériences humaines? «Il y a aussi tout un arsenal de valeurs que porte la religion chrétienne et qu’il nous apparaissait important de faire connaître à nos enfants», souligne Carole Kämpf. Parmi ces dernières, la Vaudoise cite volontiers «le respect, l’écoute, l’attention à son prochain et le partage». Son de cloche identique chez Séverine Hediger, pour qui ces «valeurs peuvent être inculquées, même si au final on n’acquiert pas la foi». Une réponse très proche de celle formulée par Magalie Ducommun, économiste réformée mariée à un économiste catholique, qui avance que «les valeurs fortes évoquées dans certains épisodes bibliques sont essentielles». Pour cette habitante de Colombier (NE), «les enfants n’auraient pas l’occasion de les découvrir dans un autre cours extra-scolaire». Et d’ajouter que face aux «ravages des réseaux sociaux sur les jeunes», le caté peut justement être un endroit où «parler de ce qu’on ressent, de sa souffrance et de celles que nos semblables peuvent ressentir collectivement à notre époque».

Avoir le choix

Reste que si l’envie d’une transmission de valeurs ressort de l’entier de ces témoignages, c’est avant tout un socle théologique, même rudimentaire, que ces parents recherchent pour leurs enfants. «Le credo à la maison, c’est ça: OK, vous avez le droit de rechigner un peu à y aller, mais on fera tout pour que vous soyez accompagnés sur ce chemin, afin que votre décision finale se fasse en connaissance de cause, note encore Carole Kämpf. «Que nous ayons cette base de connaissances religieuses communes avec nos enfants était primordial», commente encore Séverine Hediger. «Même si pour nous, cela n’a pas débouché sur une vie de foi, je voulais que mes enfants puissent avoir le choix, avec des bases». Danielle Allemann raconte enfin que son fils, un jour, lui avait posé cette question innocente: «Mais Maman, à quoi je crois, moi?» Une interrogation à laquelle la Jurassienne ne pouvait pas répondre sans envisager de lui offrir, au moyen d’une éducation religieuse de quoi pouvoir y répondre tout seul.»