La CER submergée par les défis
«Nous ne trouvons pas de troisième personne pour rejoindre le Conseil exécutif.» Telle est la première annonce qu’a dû faire le Bernois Philippe Kneubühler, alors qu’il venait d’être élu, ce 1er juin, à la présidence du Bureau de la Conférence des Eglises réformées de Suisse romande (CER). «Nous devons donc renvoyer ce point à l’automne et espérer, au nom du Ciel, trouver quelqu’un car l’Exécutif a besoin d’être au complet pour mener les dossiers qu’il a à traiter.»
A l’occasion de cette 57e Assemblée générale, les délégués étaient précisément appelés à se prononcer sur les propositions du Conseil exécutif quant à la formation professionnelle des pasteurs. «Ce n’est pas une réformette, mais bien une réforme basée sur de nouveaux paradigmes», annonçait en début de discussion Jean-Baptiste Lipp, actuel président de la CER. Et de souligner que «pour que celle-ci ne reste pas lettre morte, il s’agit de l’adopter et de s’atteler rapidement à sa mise en œuvre».
Evolution de la formation
Concrètement, il a été décidé d’inscrire la formation «dans une économie mixte, où les ministres doivent avoir plusieurs capacités, entre autres d’être des agents de revification des formes traditionnelles d’Eglise et d’aller à la rencontre des différents milieux de vie pour y faire résonner le témoignage de l’Evangile par la constitution de nouvelles formes de vie ecclésiale». Par ailleurs, la CER établit que sa «formation professionnelle aux ministères se déploie de manière souple et évolutive», prônant ainsi notamment «la valorisation des individus et de leurs parcours de vie».
Alors que le cursus alterne entre temps de formation et stage en immersion, Laurence Bohnenblust-Pidoux a exprimé, au nom de l’Eglise évangélique réformée vaudoise (EERV), le souhait de proposer «deux filières distinctes, l’une destinée à former des ministres de paroisse, l’autre des ministres pour les lieux innovants». Une suggestion qui n’a pas été retenue, car jugée notamment peu réaliste avec les réalités des «petites Eglises», selon les présidents des Eglises neuchâteloise et valaisanne. Rejetée également la proposition du Conseil exécutif de mettre en place un poste de «coach» pour superviser les liens entre l’étudiant et son «praticien formateur» (maître de stage selon l’ancienne formulation).
Quant au délai de mise en œuvre, il a été validé que les textes règlementaires seront soumis à l’AG de novembre 2024 et que la «phase de transition entre le système actuel et le nouveau peut durer au maximum deux ans».
Autres dossiers en suspens
Alors que la plateforme stratégique de la CER travaille à la finalisation de son rapport sur la communication des Eglises réformées qui sera soumis au vote en septembre – autre gros dossier en cours –, le directeur de Médias-pro Paolo Mariani a invité la pasteure genevoise Carolina Costa, accompagnée de son mari Victor Costa, à venir présenter leur ministère «Web Evangélisation» à l’assemblée. Déjà porté par l’Eglise protestante de Genève, «ce projet mériterait d’être porté sur le plan romand par la CER», a d’ailleurs formulé le délégué genevois Stefan Keller. Une présentation qui n’a pas été suivie de discussion.
En période d’économies pour les Eglises réformées, celles-ci se sont également interpellées quant à leur possible adhésion, commune ou individuelle, à la Communauté d’Eglises protestantes en mission (CEVAA). En effet, après que le DM a dû se résigner à retirer sa participation financière (sa dernière contribution sera versée en 2027), les Eglises romandes doivent s’interroger sur la pertinence de leur adhésion (et donc financement) à cette association. La question sera reprise au printemps 2026, après que les Eglises aient consulté leurs synodes.
Difficile planification financière
Au moment d’ouvrir le chapitre finances, notamment avec la planification financière pour 2025-2027, le délégué Michel Blanc s’est alors «étonné», au nom de l’EERV, que leur motion appelant à «une diminution des charges, qui a été acceptée à l’unanimité lors de l’AG de mars, n’ait absolument pas été prise en compte dans la planification».
«Il y a trop d’inconnues pour donner autre chose que des chiffres indicatifs, les gros chantiers en cours pouvant impacter fortement le budget de la CER», a répondu Christian Miaz. «Réduire à la louche de 10% les charges de la CER, qui comprend des départements aussi importants (formation, médias, édition, ndlr.), ce n’est pas réaliste. En tout cas, je refuse de le faire dans le vide, avant que l’assemblée ait pris des décisions précises quant à ces dossiers.»
Quant aux comptes de 2023, ils se sont bouclés sur un excédent ordinaire de 54'744 fr, qui sera restitué aux Eglises selon la clé de répartition. A noter également un «excédent de recettes extraordinaires liées à la dissolution de provisions et réserves de 389'947 fr.». Sur proposition de l’EERV, cette somme sera placée dans «une réserve de fonctionnement destinées aux changements de structures au sein de la CER», afin que l’argent soit disponible au moment venu, sans devoir «tout faire passer devant les Synodes au préalable».