L’EREN réaffirme sa responsabilité sur les temples qui lui sont confiés
Le débat a été fourni, près de trois heures! Et c’est un peu avant 22 heures que les représentants des différentes paroisses et communautés de l’Église réformée évangélique du canton de Neuchâtel (EREN), réunis en Synode (organe délibérant) ce mercredi 25 janvier à La Rouvraie dans les hauts de Bevaix, ont finalement adopté un texte très proche de celui présenté par le Conseil synodal (exécutif). La résolution finalement acceptée à une courte majorité (17 voix pour, 15 contre et 2 abstentions) inscrit dans le règlement d'application que seuls les rites des Églises membres de Communauté de travail des Églises dans le canton de Neuchâtel sont autorisées dans les temples placés sous la responsabilité de l’EREN, mais qui prévoit également la possibilité de dérogations. L’usage des temples comme lieu de rassemblement pour la communauté locale au travers d’événements culturels est par ailleurs réaffirmé.
Une Église au service de tous
Ce sont principalement les services funèbres qui ont été au cœur des débats, car ce sont pour cela que les temples sont le plus souvent demandés pour des rites non chrétiens et que ce sont des situations qui laissent peu de temps pour les prises de décisions. Si quelques représentants d’une ligne dure précisant que les rites non chrétiens n’ont pas à avoir lieu dans un temple et qu’il existe d’autres endroits pour cela tels que les funérariums, la majorité de l’assemblée a plutôt réaffirmé son attachement à l’ouverture des temples, symbole d’une EREN au service de la population dans son ensemble.
La pasteur Sylvane Auvinet (ministre au Joran) a même insisté sur l’importance des ministres de l’EREN à proposer des cérémonies qui correspondent aux demandes des familles: «ce n’est pas anodin que des personnes demandent à ce que cela se passe à l’Église. Nous devons prendre soin de ces personnes.»
«S’il y a une chose dont je suis fier, c’est de l’ouverture de nos temples», a par contre insisté le député Jacques-André Maire (laïc des Hautes-Joux). Alors que Pascal Wurz (ministre des Hautes-Joux) s’est étonné: «On voudrait autoriser les manifestations culturelles, mais interdire d’y pleurer des personnes que l’on aime? Cela n’a pas de sens.» Frédéric Jakob (ministre de la BARC — Bôle-Auvernier-Colombier) a affirmé: «Je pense qu’interdire une célébration non chrétienne n’est pas protestant. Nos pierres ne sont pas sacrées!» Julien Von Allmen, laïc des Hautes-Joux, a quant a lui insisté: «Interdire une parole en se donnant l’impression qu’on aura le monopole de la nôtre n’est pas une saine technique.»
Avoir la possibilité de dire «non»
Dans le canton de Neuchâtel, les lieux de culte appartiennent majoritairement aux communes et sont mis à disposition des Églises par un concordat. Quelques voix ont défendu une libre utilisation des temples par le fait qu’ils appartiennent à la collectivité. Le président du Conseil synodal, Yves Bourquin a toutefois comparé le concordat à un contrat de location. «Votre propriétaire ne peut pas venir quand il veut chez vous sous prétexte que les murs lui appartiennent!» Avant de poursuivre: «Et nous sommes des locataires parfois irresponsables! Nous avons une responsabilité quant à ce qui se passe dans les temples qui nous sont confiés.»
La présidente du Synode, Esther Berger (ministre du Val-de-Ruz) a abondé dans ce sens en s’adressant aux députés défendant la libre utilisation des temples: «Je suis heureuse d’apprendre que cela se passe bien chez vous, mais pas chez nous!»
C’est bien au désarroi de certaines paroisses face aux pratiques de certains prédicateurs laïques que cette clarification des règles du jeu souhaite répondre. «Dans la presse, j’ai dit que nous voulions faire sortir les loups du bois et c’est bien de cela qu’il s’agit», a précisé Yves Bourquin. Certains pratiquants n’ont jamais pris contact avec l’EREN et proposent des pratiques pas toujours respectueuses des familles. «Notre volonté c’est bien d’entrer en contact avec eux.»
Une profession non régulée
Le Conseil synodal a déclaré avoir entendu les réticences des synodaux quant à une interdiction stricte, et promet de revenir avec une proposition de critères éthiques et professionnels concernant les rituels laïcs, la proposition d’imposer une reconnaissance par une organisation professionnelle encore à créer qui serait elle, garante de certaines valeurs ayant été jugée irréaliste.