Le prédicateur évangélique américain Billy Graham est décédé
Véritable phénomène religieux connu internationalement, Billy Graham est mort mercredi 21 février après plus d’un demi-siècle de ministère. Il avait 99 ans. William Franklin Graham Jr a été responsable de la diffusion de l’évangélisation dans le monde entier, convertissant des millions en personne à travers des conférences et des émissions télévisées.
Au-delà de son influence sur les fidèles, il a été le conseiller de onze présidents américains. Bien qu’en public Billy Graham ait toujours affirmé ne pas s’engager politiquement en public, les commentateurs de l’actualité religieuse américaine ont mis en évidence qu’il avait été un puissant acteur dans les coulisses des affaires nationales. Il a également endossé le rôle de leader religieux lorsque les États-Unis ont été secoués par le terrorisme; soit après les attentats d’Oklahoma City en 1995 et du World Trade Center 2001.
Au cours de ses nombreuses années de ministère, Billy Graham a prêché face à environ 84 millions de personnes lors de ses interventions à travers le monde. Lorsqu’on compte l’ensemble de ses conférences, y compris celle diffusée en direct, ce chiffre passe à 215 millions.
Membre de l’Église baptiste du Sud, il n’a jamais mis sa confession en avant face aux millions de personnes qu’il a atteintes dans plus de 185 pays. Bien que critiqué par certains pour sa volonté d’intégrer des catholiques, des protestants libéraux et des croyants d’autres religions, c’est précisément cette ouverture qui, selon les chercheurs, a été la clé de son succès durable. Plutôt que de rassembler ces croyants pour former sa propre Église, Billy Graham les a toujours orientés vers les congrégations locales.
Initiateur du mouvement évangélique en Suisse romande
Billy Graham a également marqué la Suisse romande. Avec ses équipes il a organisé des prédications de masse à Genève et Lausanne dès 1955 et jusque dans les années 1970. De grandes tentes avaient été installées aux Eaux-Vives et à Lausanne, c’est le stade olympique que le prédicateur a rempli. «Je pense que l’on peut dire que c’est lui qui a permis l’émergence de mouvement évangélique en Suisse romande», note Philippe Gonzalez, sociologue des religions à l’Université de Lausanne. «C’est une figure d’unification. Il a permis à différents mouvements de se dire “d’accord on a des différends théologiques, mais l’important c’est de sauver des âmes alors retroussons nos manches”.»
Une unification dont il a été l’ouvrier en Suisse romande comme aux États-Unis. «Ce n’est pas le penseur du néo-évangélisme des années 1940 devenu l’évangélisme que l’on connaît. Mais il en a été l’image. Il a contribué à l’unification des mouvements conservateurs et leur a permis de se faire une place dans la vie publique», analyse le chercheur.
En 2014, à l’occasion des 40 ans de l’Appel de Lausanne de 1974, le pasteur retraité Philippe Decorvet a témoigné: «pour la première fois dans cette ville, toutes les communautés, des plus conservatrices jusqu’aux plus pentecôtisantes ont collaboré.» Cette grande rencontre, convoquée par les évangélistes John Stott et Billy Graham a donné naissance au Mouvement de Lausanne, qui aujourd’hui encore organise la collaboration internationale entre divers mouvements évangéliques notamment pour coordonner le travail d’évangélisation et d’action sociale au niveau mondial.