Laisser la voie libre
Les jeunes viennent peu à l’église. Et si c’était au tour des Eglises d’aller vers eux? La société de loisirs, l’éclatement des familles, la non-transmission de la culture chrétienne confrontent l’institution à un double défi. Elle doit rester auprès des jeunes qui ont connu une éducation religieuse, et accueillir ceux qui n’ont jamais eu de lien avec elle, ou qui sont en rupture.
Plusieurs actions sont envisagées pour faire face à cette nouvelle réalité. Proposer une offre «patchwork» où chacun puisse se reconnaître; regrouper les jeunes par centre d’intérêt plutôt que par tranche d’âge; offrir des expériences spirituelles plutôt que strictement religieuses.
Le Lab à Genève – un espace qui accueille les jeunes quelles que soient leur culture, religion ou conviction – et ReformAction début novembre, premier festival de la jeunesse protestante au niveau national en Suisse, marquent à eux seuls un renouveau. D'autres initiatives confirment la vitalité du protestantisme romand: balade ethno-gourmande, jardin urbain, groupe de méditation de pleine conscience, etc. Le grand indémodable au franc succès reste le camp post-Kt, complété de formations, telles que les JACK (Jeunes Accompagnants Camps Kt).
Reste à savoir si l’Eglise, à trop vouloir rejoindre les jeunes là où ils sont, en privilégiant le spirituel sur le religieux, ne risque pas de perdre le contenu de son message spécifique, chrétien et protestant. En allant vers les jeunes, l’Eglise ne doit pas simplement devenir un club de loisirs pour reconquérir des "clients". Elle vise à rendre actuel le message du Christ et à former des témoins.
Pour y parvenir, les protestants devront faire confiance à la nouvelle génération. Le plus important est de laisser la voie libre aux jeunes, au-delà de ce que l’institution peut comprendre ou contrôler, pour qu’ils puissent trouver par eux- mêmes la manière dont ils souhaitent vivre leur foi au sein de l’Eglise.