Politique, l'agroécologie?
Une remarque, émise par un pasteur neuchâtelois, m’a interpellée: «On nous donne des outils pour une campagne à première vue écologique… Or, elle est surtout très politique. Sur le fond, je suis d’accord. Mais je n’ai pas les outils dans ce domaine. Et qu’est-ce que je réponds à mes paroissiens qui viennent de familles paysannes et qui se sentent attaqués?»
Effectivement, promouvoir l’agroécologie est fondamentalement politique: c’est stimuler un mouvement radicalement opposé au modèle intensif et industrialisé que l’Occident prône depuis l’après-guerre! Le nier serait hypocrite. Mais garder un logiciel du passé le serait tout autant.
Les instances internationales reconnaissent désormais l’agroécologie comme une solution. En 2018, une Déclaration des droits des paysans a même vu le jour à l’ONU: nourrir est considéré comme un droit et un enjeu fondamental. Promouvoir un autre système alimentaire, ce n’est donc pas s’opposer frontalement aux paysans. D’ailleurs, ces derniers innovent aussi, comme le glisse un de nos interlocuteurs.
Le problème réside peut-être dans notre vision techniciste: à chaque problème, sa solution; à chaque crise, une issue rapide. Mais repenser l’alimentation, comme la transition écologique, cela ne peut se faire en désignant des boucs émissaires, en espérant une solution technologique miraculeuse, une manne gouvernementale ou en brandissant une idéologie toute faite. C’est peut-être une voie que nous montrent ceux qui font l’agroécologie aujourd’hui. Face aux urgences écologiques, pourquoi ne pas se retrousser les manches et essayer?