Le spirituel, le temporel et le scientifique: BDFIL à la cathédrale
Il s’agit de quatre œuvres provenant de différents points du globe (Tunisie, Israël, Belgique et Allemagne) et qui font le récit d’une même tension entre les enjeux scientifiques, spirituels et temporels. Pierre-Laurent Daures, commissaire de l’exposition, explique brièvement chaque œuvre et comment spiritualité et technique entrent en résonance dans ces œuvres.
Stupor Mundi
Dans «Stupor Mundi», de Nejib, Hannibal, un savant arabe convié à poursuivre ses recherches dans l’Italie de la Renaissance, est instrumentalisé par son riche protecteur. Ce puissant souhaite asseoir son pouvoir en créant un faux Saint-Suaire grâce aux recherches d’Hannibal sur une forme archaïque de photographie. Ce sont ici à la fois la science et la religion qui sont instrumentalisées au service du pouvoir temporel. Quelques siècles plus tard, le régime nazi mettra de la même façon au service de son projet politique la science (les théories raciales) et la religion (l’argument du «peuple déicide») pour nourrir l’antisémitisme.
Tunnels
Dans «Tunnels», de Rutu Modan, la science (en l’occurrence l’archéologie) interfère aussi avec un projet religieux (retrouver l’arche d’alliance promet l’avènement du peuple juif ), lui-même fortement intriqué dans un projet politique (le conflit palestinien). Il n’échappe pas au lecteur que la grotte où est enfermée l’arche d’alliance jouxte presque celle du bunker secret d’un chef combattant palestinien. Ici, la science n’est pas instrumentalisée, mais perturbée, voire pervertie par des enjeux spirituels et temporels (chaque personnage a des ambitions personnelles assez fortes) qui n’ont rien de scientifique.
Le secret de la pyramide
On retrouve, dans «Le secret de la pyramide», ce triangle scientifique-spirituel-temporel, d’abord présent dans la tension entre les enjeux de la recherche archéologique et ceux de la chasse au trésor très concurrentielle qui s’engagent. Peu à peu se font jour les enjeux spirituels associés à l’objet de la recherche, un culte ancien qui n’est pas éteint comme le pensaient les protagonistes.
Alpha
Jens Harder tisse ces enjeux de façon plus subtile dans «Alpha», sans les mettre en confrontation, mais en les juxtaposant. Il expose un savoir scientifique sur les origines de l’univers et de la vie par des séquences d’images très belles et très poétiques qu’il tisse avec ses reproductions d’autres images issues de différentes cultures et civilisations. Ces images entrelacées témoignent des interprétations religieuses, mythologiques et parfois politiques que les humains ont construites pour appréhender les origines de leur monde.
Côté culte
En parallèle, Line Dépraz et Jean-François Ramelet, ministres de la cathédrale et de Saint-François, ont préparé une série de cultes intitulée «Va savoir!». Chacun s’inspire d’une planche de BD.
Le programme des cultes
22-23 juillet: Mais où est Dieu? (Line Dépraz)
29-30 juillet: Que dit-on lorsque nous disons Dieu créateur? ( Jean-François Ramelet)
1er août: Au nom de Dieu: de la grande pyramide à la prairie du Grütli... (Line Dépraz)
5-6 août: Avoir la preuve: chance ou malchance?