Mort et ressuscité à l’infini ?
Durant ce weekend de Pâques, nous avons reçu des ami·es pasteur·es à manger. Alors que nous parlions de nos cultes de Pâques. Un des enfants nous dit : « Oui mais c’est quand même drôle cette histoire. Chaque année il meurt et chaque année il ressuscite ? Ça fait beaucoup non ? ». Ce questionnement d’enfant nous a fait sourire, c’est vrai, ne dit-on pas que la vérité sort de la bouche des enfants ?
Cependant cela me reste en tête et je me dis que ce n’est peut-être pas la seule à s’interroger. A Noël, même sans grande connaissance chrétienne, nous savons qu’il s’agit de la fête autour de la naissance de Jésus. Et ce genre d’événement, il est facile de se le représenter. Un tout petit bébé qui arrive, c’est de la joie, du bonheur.
A Pâques, c’est un peu plus compliqué. Ce même Jésus meurt à Vendredi Saint et ressuscite ensuite le dimanche. Voilà des thématiques qui nous sont bien moins familières. La mort, on connaît mais cela nous met bien souvent mal à l’aise. Mais ici il n’est pas question de n’importe quelle mort.
Peut-être d’ailleurs est-ce pour cela qu’il est important d’y repenser chaque année. Car on ne se représente pas bien ce que cela veut dire. Friedrich Dürrenmatt rappelait le scandale de la croix : celle-là même que nous affichons dans nos églises, autour de nos cous et parfois dans nos salons. Cette croix qui symbolise une mise à mort injuste et cruelle. Cette croix qui rappelle ce que l’humain est capable de faire dans ses pires moments… Cette croix qui démontre que dans son sentiment de toute-puissance, l’humain peut se prendre pour Dieu, jusqu’à éliminer le soutien de Dieu.
Alors non, Jésus ne meurt pas chaque année à Vendredi Saint. Ce que nous aurions dû répondre à cette enfant qui nous questionnait, c’est que nous fêtons bien par exemple son anniversaire chaque année. C’est un travail de mémoire. On rappelle ce qui est important, on crée une communauté pour partager nos souvenirs et en créer de nouveaux.
Vous allez me dire que nous pourrions nous souvenir chaque année uniquement de la Résurrection. Ne serait-ce pas plus joyeux ? Probablement. Mais d’une part, cela n’aurait pas le même sens de fêter la vie sans se rappeler la mort. D’autre part, la mort nous permet de faire le point. De nous questionner, de nous interroger. La mort nous ramène à l’essentiel comme rien d’autre ne le peut. Et ce retour à l’essentiel, nous en avons bien besoin.
Et la Résurrection alors ? Ce sera pour une autre fois… peut-être autour d’un café ?