L'Islande pourrait devenir le premier pays à interdire la circoncision

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L'Islande pourrait devenir le premier pays à interdire la circoncision

Kim Hjelmgaard
26 février 2018
Un projet de loi islandais veut condamner quiconque pratiquant la circoncision à six ans d’emprisonnement
Un moyen de protéger les droits des enfants.

Photo: © RNS/AP Photo/Eric Risberg

(USA Today/RNS/Protestinter)

L'Islande pourrait devenir le premier pays d'Europe à interdire la circoncision. Une nouvelle qui a suscité des critiques de la part des groupes religieux. La législation débattue par le Parlement islandais imposerait une peine d'emprisonnement de six ans à quiconque qui «enlève une partie ou la totalité des organes sexuels (de l'enfant)» pour des raisons non médicales.

«C'est une attaque contre la liberté de religion», a réagi Ahmad Seddeeq, imam égyptien au Centre culturel islamique d'Islande, lundi 19 février. Silja Dögg Gunnarsdóttir, une députée du Parti progressiste du centre-droite, a expliqué qu'elle avait proposé cette mesure après avoir réalisé que l'interdiction de la mutilation génitale féminine dans le pays n'avait pas d'équivalent pour prévenir la circoncision masculine.

L'Islande a condamné les mutilations génitales féminines en 2005, en accord avec d'autres pays. «Nous parlons des droits de l'enfant, pas de la liberté de croyance», a-t-elle précisé lors de la présentation du projet de loi, début février. «Chacun a le droit de croire en ce qu'il veut, mais les droits des enfants passent avant le droit de croire».

Environ 336’000 personnes vivent en Islande, dont 250 juifs et 1’500 musulmans, selon les statistiques gouvernementales. Cette nation insulaire nordique est connue pour sa législation progressiste sur l'égalité des sexes. Le mois dernier, le gouvernement a interdit aux entreprises de moins rémunérer les femmes que les hommes, une autre première mondiale.

Un rite de passage

Le rituel religieux de la circoncision, soit le retrait du prépuce du pénis, a lieu généralement peu après la naissance, pendant l'enfance ou à la puberté comme un rite de passage. Les juifs et les musulmans circoncisent généralement leurs fils pour confirmer ou marquer leur relation avec Dieu.

Bien que cette pratique soit souvent associée au judaïsme, un rapport publié en 2007 par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) relève que les musulmans sont le plus grand groupe religieux à pratiquer la circoncision. L'organisation estime que 30% des hommes sur terres sont circoncis. Environ deux tiers d’entre eux sont musulmans. Aux États-Unis, 98 pour cent des hommes juifs sont circoncis. L’OMS souligne également qu'il existe des preuves substantielles indiquant que la circoncision protège des maladies, telles que les infections des voies urinaires, la syphilis, le cancer du pénis et le VIH.

En Islande, le projet de loi de Gunnarsdóttir bénéficie d'un soutien politique au Parlement et d'un soutien populaire. Mais les chefs religieux de toute l'Europe craignent que le projet islandais restreigne la liberté religieuse et puisse s'apparenter à de l'antisémitisme et de l'islamophobie.

Un faux argument

«Protéger la santé des enfants est un objectif légitime de toute société, mais dans ce cas cet argument est utilisé sans fondement scientifique, afin de stigmatiser certaines communautés religieuses», a déclaré le cardinal Reinhard Marx, président de l'Église catholique de Bruxelles.

Milah UK, un groupe britannique qui protège les droits de la communauté juive, a souligné: «Pour un pays comme l'Islande, qui se considère comme une démocratie libérale, interdire la circoncision et rendre ainsi impossible la vie selon les traditions juives est extrêmement préoccupant».

Ahmad Seddeeq a souligné que les natifs islandais ne sont pas circoncis et qu’il ne connaissait aucun médecin formé pour effectuer ce genre de pratique, dans le pays. Il a emmené son propre fils de 3 ans en Égypte pour le faire. «À quoi cela sert-il d'interdire quelque chose qui n'existe pas vraiment?», a-t-il demandé.