Les Eglises réformées de Berne-Jura-Soleure se désaffilient de «Reformierte Medien»
Photo: L’Hôtel de ville à Berne
«Nous sommes tous dans le même bateau, nous voulons une bonne couverture des réformés dans la presse», a soutenu Hans Ulrich Germann, dépositaire d’une motion urgente, cosignée par 34 délégués, visant la réactivation de l’adhésion des Eglises Berne-Jura-Soleure (Bejuso) à «Reformierte Medien». Fin septembre, le Conseil synodal (exécutif) a décidé de résilier, au terme de l’année 2018, son affiliation au département des médias des Eglises réformées de Suisse alémanique. Un service qui offre une visibilité aux Eglises sur son site internet ref.ch, à travers le magazine «Bref» ainsi que sur les ondes TV et radio de la Schweizer Radio und Fernsehen (SRF).
Réunis mercredi 13 décembre en Synode à Berne, les délégués ont longuement délibéré sur cette question. Pour le motionnaire, cette décision «menace la communication des médias réformés». Il déplore également que l’exécutif n’ait pas discuté avec les délégués avant d’agir. De son côté, le Conseil synodal attentif aux limites budgétaires a pointé des coûts trop élevés par rapport aux prestations fournies. Pour 2018, l’Union synodale va payer 400'000 francs. «Aucun projet diaconal n’atteint ce montant. Nous devons évaluer avec soin la manière d’employer des moyens financiers limités», a souligné Andreas Zeller, le président de l’exécutif.
Une mauvaise gestion financièreLe Conseil synodal note également une mauvaise gestion financière du côté du département des médias dans la création et la gestion du magazine «Bref», qui a occasionné des pertes de 550'000 francs en 2016 alors qu’il est distribué à 3170 abonnés. «Malgré nos multiples demandes, nous n’avons pas pu discuter. Nous avons donc actionné le frein d’urgence», a expliqué Andreas Zeller qui ajoute «vouloir maintenir une collaboration ponctuelle pour une présence à la télévision et la radio ainsi que pour le site internet». «Vouloir garder les prestations télé et radio tout en quittant l’association, c’est similaire à quitter l’Eglise et souhaiter tout de même y célébrer son mariage», s’est exclamé Hans Ulrich Germann.
«La résiliation n’est pas la bonne solution. On ne peut pas changer un système quand on n’en fait plus partie», a souligné le cosignataire Eduard Fuhrer. «En quittant Reformierte Medien, les Eglises Bejuso mettent en danger le travail des Eglises dans les médias», a ajouté un délégué. De leur côté, les opposants à la motion ont souligné la décision responsable du Conseil synodal. A l’issue d’un débat soutenu, la motion qui a finalement été transformée en postulat a été refusée par 87 voix contre 76, et 12 abstentions. «C’est une catastrophe», a réagi Pascale Huber, la directrice de «Reformierte Medien».
Une mise en péril de la communauté«Cette décision ne met pas seulement en péril Reformierte Medien, elle va à l’encontre de tous les efforts de renforcement de la communauté des Eglises réformées de Suisse», s’est exprimé Christoph Weber-Berg, le président du conseil exécutif de «Reformierte Medien», dans une lettre datée du 6 décembre, adressée au président du synode, Hansruedi Schmutz, et partagée aux délégués lors de la rencontre. Actuellement, toutes les Eglises réformées de Suisse alémanique, sauf Fribourg qui s’est retiré, paient une cotisation à cette association.
Le Conseil synodal va prochainement rencontrer «Reformierte Medien» pour essayer de trouver un accord concernant seulement quelques prestations. «Début 2018, les autres Eglises membres vont devoir décider si elles acceptent ce statut particulier pour les Eglises de Berne-Jura-Soleure. Certaines d’entre elles ont déjà exprimé leur refus. Nous craignons qu’elles demandent également des statuts particuliers», a déploré Pascale Huber.
Un budget 2018 déficitaireLors de cette rencontre, les délégués ont également accepté à l’unanimité le budget 2018 qui présente un excédent de charges de 511'050 francs sur un total de 27'847'160 francs. «Cet excédent est supportable. Il est dû à des amortissements et pourra être couvert par les fonds propres», a relevé la conseillère synodale Pia Grossholz. Le plan financier prévoyait un excédent de recettes de 325'000 francs. La différence de 750'000 francs se justifie entre autres par des coûts supplémentaires pour l’Ecole préparatoire de théologie de Berne, une diminution des cotisations des paroisses liée aux impôts ainsi que d’autres amortissements.