Un colloque pour explorer de nouvelles institutions ecclésiales
Photo: Dimitri Andronicos
Par: Guillaume Henchoz, reformes.ch
C’est une rencontre d’un genre particulier qui s’est tenue le week-end dernier au Centre International réformé John Knox (CIRJK) à Genève. L’évènement intitulé Living and growing Church (L’Eglise pour vivre et grandir) était organisé par la commission de programme du centre et a réuni des intervenants suisses et étrangers autour d’une même réflexion: «Penser l’Eglise de demain».
«Nous voulions un colloque qui laisse suffisamment d’espace pour que chaque participant puisse s’exprimer et échanger ses idées. Et cela a bien marché», se réjouit Dimitri Andronicos, président de la commission de programme du CIRJK et codirecteur de Cèdres formation. Le panel des conférenciers était effectivement varié et leur prestation couvrait des champs de connaissances aussi variés que la théologie, la littérature ou encore la sociologie.
La première conférence a donné le ton. John McCulloch, pasteur de l’Eglise réformée d’Ecosse a déclamé un texte tissant la métaphore d’une Eglise qui se reconstruit sur un champ de ruine. Pour aller de l’avant et construire les institutions ecclésiales de demain, il faut peut-être «renouer avec une Eglise qui se pense avec les pauvres», esquisse le pasteur marqué par la théologie de la libération.
Par la suite, la plupart des interventions et des échanges ont surtout porté sur le développement de nouvelles manières de recomposer les Eglises. A ce titre, le modèle des «Eglises émergentes» est régulièrement revenu sur la table. Elles sont une des réponses posées par la création du fossé qui se tient entre les Eglises institutionnelles et une société toujours plus sécularisée. L’Eglise émergente s’appuie sur des structures institutionnelles plus souples et plus expérimentales. «C’est un modèle qui vient du monde évangélique, mais qui assume une distance critique vis-à-vis du conservatisme théologique et politique», a rappelé le sociologue Philippe Gonzalez pendant son intervention. Un mouvement un peu analogue, très implanté lui aussi dans le monde anglo-saxon, lui fait écho. C’est celui des «fresh expressions».
Les fresh expressionsSouvent pilotées par des personnes issues du monde laïque, ces petites communautés s’implantent en marge ou au sein d’Eglises traditionnelles. Les fresh expressions permettent de créer de nouveaux lieux d’Eglise et inventent de nouvelles formes liturgiques sans pour autant chercher à consommer la rupture avec les institutions traditionnelles déjà en place. Gerald C. Liu, professeur assistant au Theological seminary de l’Université de Princeton a ainsi présenté de nouvelles expérimentations liturgiques dont certaines relèvent parfois de la performance artistique. Pour Jean-Christophe Emery, théologien et directeur de Cèdres formation, ««Même si on ne peut pas les copier sans un travail d’adaptation, ces nouvelles approches sont pertinentes et inspirantes. Elles suscitent parfois des réticences au sein d’Eglises d’Etat y voient des formes de concurrence aux paroisses traditionnelles. Néanmoins, il y a beaucoup à apprendre de ces expériences».
Un élément récurrent se retrouve dans tous les témoignages et plane au-dessus des discussions: «Malgré des contextes différents, c’est le même besoin de régénération qui prévaut chez tous les intervenants, qu’ils viennent des Etats-Unis, d’Angleterre, de Hollande ou de Suisse», analyse Dimitri Andronicos.