Les protestants genevois débattront de la bénédiction des couples de même sexe

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Les protestants genevois débattront de la bénédiction des couples de même sexe

Joël Burri
1 décembre 2017
L’Eglise protestante de Genève ouvre le débat sur la pastorale des nouvelles formes de vie en commun et en particulier sur la bénédiction des couples de même sexe.

Photo: CC(by-nc-nd) Andrea Leganza

Le Consistoire (organe délibérant) de l’Eglise protestante de Genève (EPG) a décidé jeudi soir de faire un premier pas vers la mise en place d’une bénédiction ou d’un autre geste liturgique pour les couples de même sexe reconnus civilement. Mais ce ne sera pas un pas de course et le cheminement ne s’arrêtera pas à la question des couples homosexuels, c’est l’entier de la question des nouvelles formes d’organisations conjugale et familiale qui sera posée.

Concrètement, les délégués des paroisses et services ont accepté à l’unanimité, moins deux respectivement trois abstentions, d’une part que «seront posés des jalons pour une pastorale adaptée, élargie et assumée face aux nouvelles (re)compositions conjugales et familiales», et d’autre part que «la question d’une bénédiction et de gestes liturgiques pour les couples de même sexe reconnus civilement sera rouverte et discutée.»

En 1992, le Consistoire avait décidé d’interdire la pratique des bénédictions pour les couples de même sexe alors qu’en 2006, il avait décidé de refuser de rouvrir le débat. Le Conseil du Consistoire (exécutif) s’est engagé à constituer un dossier de réflexion d’ici mars 2018. C’est à ce moment-là qu’il proposera un échéancier et une procédure de consultation.

«Il est bon que l’on rediscute ensemble de ces questions. Les pasteurs ont souvent dû se débrouiller chacun dans leur coin», a déclaré Baise Menu, modérateur de la Compagnie des pasteurs et des diacres durant le débat. Les ministres sont en effet régulièrement confrontés à des demandes, non seulement de bénédiction de couples de même sexe, mais également de rites tels que de baptêmes émanant de configuration familiale auxquelles la liturgie actuelle n’existe pas. «Est-ce qu’actuellement les demandes de baptême émanant de personnes non mariées ne sont pas automatiquement acceptées?», s’est inquiétée Michèle Schärer de la paroisse de l’Arve durant le débat.

Plusieurs délégués ont exprimé le soutien de leur conseil paroissial ou régional. «Il n’y a pas de minorité assez petite pour que l’on ne s’en occupe pas», a rappelé André Molná de la paroisse centre-ville – rive-droite. Seul le représentant de la paroisse Aïre–Le Lignon a émis une critique de fond: «On tente de noyer le poisson. Il y a deux thèmes soumis au vote, l’un pour cacher l’autre. Nous demandons que les deux choses soient séparées pour la discussion. La première phrase ouvre un débat qui est sain et nécessaire alors que la deuxième phrase posera des problèmes de conscience à beaucoup de gens.»

«Les expériences de nos Eglises sœurs nous montrent qu’il faut agir avec prudence discernement et sagesse. Je suis favorable à ce que l’on ne repousse pas indéfiniment cette question. Mais elle doit trouver sa juste place parmi toutes celles qui nous occupent aujourd’hui. Elle ne doit pas focaliser toutes les énergies et les passions», a modéré Emmanuel Fuchs, président de l’EPG.