La Réforme rassemble près de 5000 jeunes à Genève

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La Réforme rassemble près de 5000 jeunes à Genève

Marie Destraz, Guillaume Henchoz
7 novembre 2017
Spectacle son et lumière sur le mur des Réformateurs, ateliers en tout genre, concerts à l’Arena, le festival de la jeunesse protestante Réform’Action a occupé la cité de Calvin du 3 au 5 novembre
Un pari réussi malgré quelques critiques.

Photo: Les jeunes rassemblés à l’Arena

et Laurence Villoz

Plus de 4700 jeunes, âgés de 14 à 18 ans et venant de toute la Suisse sont arrivés à la gare de Genève, vendredi soir 3 novembre, pour trois jours de festivités célébrant les 500 ans de la Réforme. Organisé par la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS), l'Eglise protestante de Genève (EPG) et des organisations évangéliques, le festival Réform’Action a pu se dérouler sans embûche grâce au soutien de 660 bénévoles.

A peine sortie du train, la foule a pris la direction de la cathédrale Saint-Pierre pour une cérémonie de la communauté de Taizé sous la houlette du prieur, frère Aloïs. Les festivaliers se sont ensuite retrouvés devant le mur des Réformateurs pour un spectacle sons et lumières.

Le samedi matin, après un réveil dans les salles de gym genevoises converties en dortoirs, les participants se sont dispersés dans 40 ateliers déclinés en plusieurs langues: chant, danse, histoire de la Réforme, découverte de la cité de Calvin ou visite du CERN, entre autres. «J’ai participé à un atelier de braille. J’ai adoré pouvoir écrire des phrases et découvrir des passages de la Bible dans cette langue», raconte Maeva, âgée de 15 ans. «J’ai aussi entendu une conférence sur les chrétiens persécutés», ajoute-t-elle. Un programme qui a globalement enchanté les adolescents.

Des discours controversés

Toutefois la matinée n’a pas convaincu tout le monde. «Le pari de rassembler des jeunes de toute la Suisse voire au-delà a fonctionné. Tout à coup, on ne se sentait plus être un petit groupe issu de sa campagne, mais appartenant à la grande famille des chrétiens. Néanmoins, avec mon groupe, nous avons assisté à un atelier sur le témoignage où on a notamment entendu que les homosexuels étaient des menaces pour notre société et que les couples divorcés étaient mauvais. Entendre ce genre de choses est, à mon avis, très néfaste et totalement contradictoire avec le discours que nous tenons dans notre Eglise. Immédiatement après, nous avons débriefé avec les jeunes. Beaucoup d’entre eux étaient vraiment choqués», s’indigne Aude Collaud, pasteure pour l’aumônerie de la région Gros-de-Vaud – Venoge.

La manifestation s’est poursuivie le samedi après-midi à la salle de concert de l’Arena. Encore une fois, l’ambiance était à la fête. Une célébration mêlant performances, danses, musiques, témoignages et prédications s’est déroulée pendant près de trois heures. Le moment se voulait fun et décontracté, loin des clichés d’une Eglise réformée austère et peu en phase avec la jeunesse. Si le suisse allemand dominait largement lors des différentes interventions, une traduction simultanée était également assurée.

La cérémonie a tout de même fait grincer des dents certains participants quand la chanteuse Deborah Rosenkranz a annoncé avoir surmonté son anorexie grâce à la prière et que le responsable suisse de Campus pour Christ Andreas Boppart a enchaîné sur une prédication haute en couleur: «Parmi vous, certains ont vécu des brisures, comme le divorce de leurs parents. Ces brisures sont les manifestations du péché!».

Une teinte trop évangélique

Pour Aude Collaud ces éléments de langage ont eu un goût amer: «Ce genre de discours qui affirme que la prière sauve de tout est problématique. Est-ce que cela signifie que si je ne m’en sors pas, c’est que je ne prie pas assez bien?». Pour la pasteure du Gros-de-Vaud, l’évènement avait une teinte trop évangélique: «J’ai l’impression que la Réforme s’est fait happer par une forme de propagande et cela me pose problème. Pour moi, on ne revient pas assez au texte, alors que c'est justement un des fondements de la Réforme. C’est un peu comme si on avait peur de revenir à ce qu’on pourrait trouver dans la Bible.»

Pour Victoria, catéchumène de la paroisse du Centre-Ville Rive-droite (GE), la manifestation était une bonne initiative: «Une célébration avec de la musique c’est cool, mais je ne suis pas d’accord avec tout ce que j’ai pu entendre à l’Arena. Sur le péché notamment». Le pasteur genevois Nicolas Lüthi renchérit: «Je suis étonné de voir à quel point les jeunes ont détecté ce qui ne jouait pas dans ce type de discours. Nous allons rapidement mettre des mots sur ce qu’ils ont entendu et compris». Le pasteur a regretté le peu de place laissé aux réformateurs. Le festival s’est terminé le dimanche matin par un culte, diffusé en eurovision, à la Cathédrale Saint-Pierre.