Le leadership des Béninoises
Photo: © DM-échange et mission
, Réformés
La femme est l’avenir de l’Eglise protestante méthodiste du Bénin (EPMB). Dans un pays où 70% de la population vit de l’agriculture, celle-ci doit faire face à la pauvreté et autres changements climatiques. En matière de développement local, l’EPMB mise sur le dialogue entre femmes. Ses animatrices laïques apportent un soutien aux groupements de cultivatrices, tant en matière de gestion agricole que de promotion du leadership. L’œuvre DM-échange et mission soutient les actions de l’EPMB en finançant un projet de formation théologique, d’aide au développement agricole et de respect des droits humains à hauteur de 23'500 francs.
La campagne d’automne La terre en partage, qui se déroule jusqu’à fin novembre, est l’occasion pour l’œuvre romande de mettre en lumière ce partenariat avec le Bénin; un travail de longue haleine, car l’EPMB sort à peine d’une crise de vingt ans.
L’action féminine«Les femmes sont au cœur des activités génératrices de revenus. L’éducation des enfants, la gestion du budget et la culture de la terre sont de leur ressort», observe Antoinette Bossou, ancienne vice-présidente laïque de l’EPMB et présidente de l’Union des femmes méthodistes pendant dix ans. Aussi, la sensibilisation à la préservation de l’environnement et la transition vers une culture durable de la terre passent notamment par la formation de la gent féminine. «Elles sont un levier. Quant aux animatrices de notre Eglise, elles constituent un relais entre l’institution et la base», note Antoinette Bossou. «Ensemble, nous sommes plus fortes, me disent les Béninoises qui se regroupent en associations dans les zones rurales», rapporte Sylviane Pittet, responsable de l’information pour DM-échange et mission, de retour du Bénin. A la force de la communauté paysanne s’ajoute celle des chrétiens. «L’Eglise reste le lieu social par excellence. Des leaders se dessinent au sein des paroisses. Ce sont elles qu’il faut d’abord former à la communication non violente et à l’agriculture écologique, pour maximiser l’impact», continue Sylviane Pittet.
L’absence de pouvoirElles ont beau être majoritaires à l’EPMB, les Béninoises sont pourtant les grandes absentes des instances décisionnelles. Un constat qu’Antoinette Bossou combat. «J’étais la première vice-présidente de l’Eglise. J’ai fait de ce titre honorifique une mission, celle de partir à la rencontre des fidèles pour identifier leurs demandes. L’initiative a été appréciée par les hommes.» Son initiative est malheureusement avortée avec la réunification de l’EPMB en juillet 2017.
Panser ses plaiesJusqu’alors rattachée à l’Eglise méthodiste de Londres, l’Eglise est fondée en 1843 par Thomas Birch Freeman, fils d’un esclave affranchi. Elle gagne son autonomie en 1993. Quatre ans plus tard, le président de l’EPMB fait adopter par le Synode son projet de modification des statuts: son mandat est désormais renouvelable à vie. Cette décision produit une scission au sein de l’EPMB, qui se divise en deux congrégations. «Le conflit n’avait rien de théologique. Pourtant des familles se sont déchirées, des amitiés terminées et des couples séparés», se souvient Antoinette Bossou. Les femmes sont alors les pionnières dans le processus de paix, mais n’aboutissent pas. Il faut attendre juillet 2016 pour que l’intervention de l’actuel président du Bénin, Patrice Talon, signe la réunification.
La campagne DM-EPER en brefLa campagne d’automne, La terre en partage, de DM-échange et mission et de l’Entraide protestante suisse (EPER) appelle aux dons pour les projets menés respectivement au Bénin et au Liban, avec des partenaires locaux. Au Bénin, la population vit de l’agriculture et doit faire face aux conséquences du changement climatique. Par des formations et conseils techniques, DM-échange et mission et ses partenaires s’engagent à l’aide au développement de solutions durables. Le Liban accueille 1,4 million de réfugiés sur les 5 millions qui ont fui la Syrie. L’EPER, en collaboration avec son organisation partenaire, vient en aide aux personnes vulnérables dans les camps de Chatila et Borj El Borajne, surpeuplés.