Blanche-Marie Gonin: décès d’une précurseure
Photo: Le temple Chailly ©Alexandra Urfer Jungen/célébrer.ch
Par Joël Burri
«Une femme fait pour la première fois son entrée dans le Conseil synodal (exécutif) de l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud (EERV). Hier, dans la salle du Grand Conseil, à Lausanne, le Synode (législatif) de l’Eglise a en effet élu Mme Blanche Marie Gonin, 52 ans, institutrice de formation, grande praticienne de l’éducation des adultes et de la formation biblique», peut-on lire dans le «24 heures» du mercredi 16 juin 1982. La nouvelle passe presque inaperçue dans cette édition du journal qui annonce également une visite du pape Jean-Paul II à Genève et la fin de la Guerre des Falkland. Pourtant ces quelques lignes mentionnent déjà l’un des combats de celle qui s’est éteinte mardi 12, dans sa 88e année.
«Bim, tout le monde ou presque l’appelait ainsi, était une femme de conviction, de foi, de louange. Elle luttait avec persévérance pour l’égalité, la dignité, le droit à la formation, des femmes en particulier», résume Line Dépraz, pasteure et membre du Conseil synodal. C’est elle qui présidera la cérémonie d’adieu, ce mardi 19 septembre à 15h30 au temple de Chailly, à Lausanne. «Bim n’était pas une militante au poing levé! Elle était plus dans l’engagement concret que dans les discours et les débats», ajoute Line Dépraz. «Par exemple, elle gardait une chambre qu’elle louait ou prêtait pour héberger des personnes venant suivre des formations en Suisse.»
Fille de pasteure, Blanche-Marie est née à Pomy en 1929. Elle était l’aînée de cinq enfants. Titulaire d’un baccalauréat en 1949, cette pionnière a suivi de nombreuses formations. Si elle avouait avoir laissé la priorité à sa famille, de la naissance de son fils en 1957 jusqu’au début des années 1970, la liste de ses engagements n’en demeure pas moins impressionnante, en particulier dans divers lieux de formation d’adulte tel que le Camp romand des femmes protestantes les Groupes d’orientation personnelle ou la FSEA, fédération suisse pour la formation continue. Au Conseil synodal de l’EERV, elle a accompli deux législatures, de 1982 à 1990, seule femme durant le premier mandat, elle a été rejointe en 1986 par Henriette Hartmann.