Face à la polémique entourant la «cloche d’Hitler», un maire est contraint de démissionner

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Face à la polémique entourant la «cloche d’Hitler», un maire est contraint de démissionner

15 septembre 2017
A la suite d’un prétendu malentendu au sujet de propos antisémites, le maire d’Herxheim am Berg est amené à quitter ses fonctions

Photo: Le clocher de l'église protestante Saint-Jacques CC (by-sa) Immanuel Giel

Herxheim am Berg (EPD/Protestinter) – Dans la ville allemande de Herxheim am Berg, suite au débat public entourant la cloche dite «d’Hitler», le maire Ronald Becker du parti politique des Electeurs libres a démissionné mercredi dernier de ses fonctions. «Le maire s’en va – la cloche reste!»: c’est le titre d’une chronique qu’il a publié sur le site de la commune. L’élément déclencheur de sa décision a été le reportage sur l’affaire dans l’émission «Kontraste», diffusée sur la chaîne ARD, a-t-il expliqué.

La séquence en question reprend une citation du maire, dans laquelle il se dit fier de la cloche de l’église protestante Saint-Jacques. Le maire a en outre déclaré qu’Adolf Hitler n’est jamais évoqué qu’en lien avec les atrocités qu’il a commises, et non avec toutes les choses amorcées à son époque et encore présentes de nos jours. Ronald Becker affirme avoir expliqué à la journaliste de «Kontraste» que ces déclarations lui avaient été tenues par une habitante du village, âgée de 95 ans. Elles représenteraient donc une citation, qui ne reflète en rien sa propre opinion. Du fait des coupures effectuées dans son interview, cet élément n’est plus compréhensible.

La Rundfunk Berlin Brandenburg (RBB), responsable de ce type de questions en sa qualité de service public audiovisuel pour les Länder de Berlin et du Brandebourg, n’a jusqu’à présent pas réagi aux interrogations adressées par l’Agence de presse protestante allemande (EPD) à la rédaction de «Kontraste». Si cette version écourtée de son interview et ces phrases tirées de leur contexte ont pu donner le sentiment qu’il se livrait à une apologie de l’époque nazie, Ronald Becker souligne que cela est complètement faux. Il est possible qu’il ait manqué de prudence dans ses rapports avec les médias.

Renoncer à ses fonctions

A la suite de l’émission, le conseil municipal de Herxheim am Berg a demandé au maire de renoncer à ses fonctions. La fédération des Electeurs libres en Rhénanie-Palatinat a annoncé réfléchir à d’éventuelles mesures à son encontre. A Herxheim am Berg, petit village d’environ 750 habitants situé dans l’arrondissement de Bad Dürkheim, la présence d’une cloche fondue en 1934 où figurent une croix gammée et l’inscription «Tout pour la patrie – Adolf Hitler» échauffe les esprits depuis déjà plusieurs semaines. Le village a d’abord envisagé de fermer le clocher afin d’empêcher l’accès à l’objet. Puis, le conseil municipal a décidé de commander une expertise: celle-ci est censée clarifier les dispositions légales et touchant à la protection des monuments qui guideront la municipalité dans le choix de ses démarches futures, en collaboration avec le presbytère.

Entre-temps, le Conseil central des Juifs d’Allemagne a réclamé que la cloche soit retirée de l’église et donnée à un musée. Le parti national-démocrate (NPD) a ensuite annoncé une manifestation pour le maintien de l’objet. Les autorités de l’arrondissement n’ont à ce jour pas connaissance d’un projet de contre-manifestation. «Mais nous sommes convaincus qu’il y en aura une», a affirmé la porte-parole. Par ailleurs, des plaintes ont été déposées contre le maire. A en croire ces accusations, faire sonner la «cloche d’Hitler», qui appartient à une municipalité laïque, représente un acte d’incitation à la haine raciale, a rapporté Hubert Ströber, le procureur général de Frankenthal. Une accusation d’utilisation de symboles d’organisations anticonstitutionnelles a également été émise. Ces plaintes sont actuellement étudiées par le parquet.