Le Conseil fédéral veut réduire le budget allégué à la coopération internationale
«Dans la situation actuelle, nous craignons réellement que le budget 2018 et le plan financier pour les années 2019 à 2021 du Conseil fédéral passent», s’inquiète Eva Schmassman, responsable du dossier de politique de développement d’Alliance Sud, une communauté de travail qui rassemble six organisations d’entraide telles que Pain pour le prochain, l’EPER ou encore Swissaid. Fin août, l’organe exécutif national a prévu de diminuer de 190 millions de francs le budget de la coopération internationale.
«La Suisse prend-elle vraiment au sérieux les problèmes qui touchent les régions défavorisées du monde? D’un côté, elle soutient l’Agenda 2030 pour le développement durable, le nouveau cadre de référence des Nations unies pour un monde plus juste, mais quand il s’agit de mettre des ressources financières, elle freine», constate la spécialiste. Selon Alliance Sud, le but du Conseil fédéral serait «de faire des réserves à titre préventif en vue de la nouvelle version de la réforme de l’imposition des entreprises».
Une profonde incohérenceAlors que la coopération internationale ne représente que 4% du budget, elle se voit infliger des coupes de 20%. Par ailleurs, le Conseil fédéral prévoit des augmentations de dépenses dans d’autres domaines tels que l’armée, à hauteur de 2,8%. «Il y a une énorme incohérence, surtout quand on constate que le budget prévoit des excédents de recettes», s’indigne Eva Schmassman. La proposition de budget 2018 et du plan financier 2019 à 2021 vont désormais être discutés dans les différentes commissions et la décision finale tombera au mois de décembre prochain.
Alliance Sud a été créée en 2005, mais son origine remonte à 1971 quand quatre organisations suisses d’entraide, Swissaid, Action de Carême, Pain pour le prochain et Helvetas ont fondé la Communauté de travail des œuvres d’entraide. Œuvrant pour un monde juste, son objectif consiste à influencer la politique suisse en faveur des pays pauvres.