L’Eglise réformée s’inquiète du durcissement des renvois Dublin

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L’Eglise réformée s’inquiète du durcissement des renvois Dublin

Joël Burri
2 mars 2017
«Nous vous invitons à ne pas brader la culture d’accueil développée jusqu’à présent» par notre canton, écrit l’Eglise réformée vaudoise aux députés du canton. Dans son courrier elle rappelle ses valeurs, «le respect de la dignité et des droits fondamentaux de chaque personne», en particulier.

Photo: CC(by) Victor

«La politique des “renvois Dublin” exerce une pression énorme sur des pays qui sont déjà débordés par des situations migratoires complexes; les témoignages de nos partenaires de la Chiesa Valdese attestent des immenses difficultés que ces renvois posent en Italie. Pire, cette même politique touche souvent des personnes très vulnérables, telles les femmes et les enfants. Nous vous invitons à ne pas brader la culture d’accueil développée jusqu’à présent par notre canton et à ne pas péjorer leur situation actuelle en les poussant dans la clandestinité», écrit l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud dans un courrier adressé aux 150 députés vaudois, alors que ceux-ci planchent sur la révision de la Loi d’application de la législation fédérale sur les étrangers. (LVLETr)

Mi-février, c’est l’Entraide protestante (EPER) qui écrivait aux élus pour les inviter à refuser deux des modifications proposées. Forte de son expérience de terrain; l’EPER offre un Service d’aide juridique aux exilés (SAJE); l’organisation appelle à refuser les modifications facilitant l’arrestation et la perquisition de personne frappée d’une ordonnance de renvoi, même si celles-ci n’ont aucun passé pénal. Dans la plupart des cas, ces mesures s’appliqueraient à des personnes concernées par les renvois prévus par les accords de Dublin; des expulsions administratives — sans décision de justice — vers le pays par lequel le migrant concerné est entré dans l’Espace Schengen. «Il faut savoir que le refus de partir dans l’Etat compétant [pour traiter la demande d’asile selon les accords de Dublin, NDLR] ou d’y rester s’expliquent très souvent par la présence de parents proches en Suisse ou par des conditions d’accueil très précaire de l’Etat de destination (manque de lieu d’hébergement, difficulté d’accès aux soins, parfois absence de sanitaires, éloignement des lieux où l’on peut recevoir un repas, promiscuité extrême dans les centres, problèmes de violence, surtout à l’égard des femmes, etc.) Ainsi, cette modification touchera de nombreuses familles, femmes et enfants, des personnes en situation de vulnérabilité. Ce sont justement ces personnes qui ont le plus besoin de l’aide d’urgence», écrit l’EPER.

Ces démarches n’avaient pas vocation a être rendues publiques. «Ce n’était pas un courrier qui disait “y-a-qu’à...”, “faut qu’on...”. Nous rappelions simplement les valeurs qui sont les nôtres et appelons les députés à y réfléchir et à prendre leurs responsabilités», explique Xavier Paillard, président du Conseil synodal de l’EERV. Mais à l’heure des réseaux sociaux, le courrier de l’Eglise s’est rapidement trouvé mis en ligne par l’un de ses destinataires. «Pour l’heure, je n’ai reçu que trois retours, tous positifs», dévoile Xavier Paillard. «A titre personnel, je trouve qu’on est là dans le rôle de l’Eglise. Nous rappelons des valeurs fondamentales qui supportent discussions et débat», ajoute le pasteur.

Ce n’est pas la première fois que l’EERV écrit ainsi à l’ensemble des députés. «Il me semble bien que nous l’avions fait, par exemple au moment de la votation sur le suicide assisté dans les EMS», se souvient Xavier Paillard.