Le potentiel Premier ministre néerlandais s’oppose farouchement à l’islam

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Le potentiel Premier ministre néerlandais s’oppose farouchement à l’islam

Kim Hjelmgaard
23 février 2017
Geert Wilders, un politicien d’extrême droite néerlandais, pourrait être élu Premier ministre, en mars prochain
Sa position contre l’immigration et l’islam en font un candidat particulièrement controversé.

Photo: Geert Wilders RNS/Reuters/Michael Kooren

, «USA Today»/RNS/Protestinter

La Haye, Pays-Bas – La version hollandaise de Donald Trump - mais avec des idées anti-immigration et anti-islam encore plus extrêmes - compte sur les électeurs pour donner à son parti de droite une chance de mettre en application sa vision controversée, le mois prochain. «Les valeurs néerlandaises sont basées sur le christianisme, sur le judaïsme et sur l'humanisme. L'islam et la liberté ne sont pas compatibles», a déclaré le politicien populiste Geert Wilders, âgé de 53 ans. «Vous le voyez dans presque tous les pays musulmans. Il y a un manque total de liberté, de société civile, de règles de droit, de classe moyenne. Les journalistes, les homosexuels et les apostats sont tous en difficulté dans ces pays».

Geert Wilders veut fermer toutes les mosquées, interdire le Coran et boucler les frontières de la nation aux demandeurs d'asile et aux immigrants des pays islamiques pour empêcher la propagation de l'islam. Donald Trump veut un arrêt temporaire de l'immigration de sept nations majoritairement musulmanes, mais il affirme que son objectif est d'empêcher les terroristes d'entrer aux Etats-Unis.

Beaucoup d'électeurs hollandais trouvent les idées de Geert Wilders répugnantes, et il a été condamné en décembre dernier d'incitation à la discrimination par le discours haineux. Pourtant, selon les sondages, son parti pour la liberté devrait remporter le plus de suffrages lors des élections nationales du 15 mars, une démonstration de la propagation du populisme en Europe après la victoire de Donald Trump aux États-Unis et le vote britannique de quitter l'Union européenne en 2016.

Avec le système multipartiste néerlandais, être le premier ne garantit pas à Geert Wilders d’obtenir le pouvoir. Il serait forcé de former une coalition gouvernementale avec d'autres partis, la plupart d'entre eux ayant refusé de le faire. D’ailleurs, son avance diminue alors que le Premier ministre en exercice Mark Rutte a courtisé le vote des nationalistes hollandais en se déplaçant vers la droite.

Une vague de populisme

Pourtant, Geert Wilders prédit une vague populiste contre la libre circulation et selon lui, les règles fixées par l'Union européenne continueront de s’appliquer en Europe qu'il gagne les élections ou pas. «Même si je perds cette élection, le génie ne reviendra pas dans la bouteille», a-t-il dit. «Les gens ont en marre de la combinaison entre l'immigration de masse, l'islamisation et les mesures d'austérité qui les obligent à réduire les pensions ainsi que le soutien pour les soins aux personnes âgées tout en donnant de l'argent à la Grèce et à la zone euro».

«Les gens ne sont pas satisfaits. Ils se sentent mal représentés», a-t-il poursuivi. «Le processus d'un «printemps patriotique» ne va pas arrêter». Geert Wilders croit que sa nation de 17 millions – dont plus d’un cinquième à des origines étrangères – a trop longtemps toléré des niveaux élevés d'immigration sans exiger l'assimilation culturelle. Il considère l'islam comme une idéologie qui constitue une menace existentielle aux valeurs européennes fondamentales.

«Pendant longtemps, notre société a eu peur de dire: «Notre culture néerlandaise prime, nous ne traitons pas les femmes comme ça», et tous ceux qui l'ont fait ont été qualifiés de racistes, de bigots ou de haineux, et ils ne le sont pas. Ils croient simplement que nous devrions être plus fiers de qui nous sommes», a souligné Geert Wilders.

Geert Wilders a récemment décrit les immigrés marocains comme de la racaille qui rendaient les rues des Pays-Bas dangereuses. Le politicien a également comparé le Coran à «Mein Kampf», l'autobiographie de Hitler. «Par rapport à l’islam, c’est vrai que je suis dur. Peut-être plus dur que je ne le devrais, si mon seul but était d'obtenir des votes», a-t-il concédé. «Mais je crois vraiment à ce que je dis, que l'idéologie islamique est une menace énorme».

Une fatwa à l’encontre de Geert Wilders

Les idées extrémistes de Geert Wilders sur l'Islam ont amené Al-Qaida, les talibans et l’Etat islamique à prononcer une fatwa à son encontre depuis dix ans. Ainsi, il porte un gilet pare-balles en public, bénéficie d’un important dispositif de et se déplace avec sa femme que dans des maisons sécurisées.

En 2002, le politicien néerlandais Pim Fortuyn a été assassiné pour sa position franche anti-islam. Deux ans plus tard, Theo Van Gogh, un cinéaste néerlandais, a été tué par un musulman néerlandais et marocain à cause dans son court métrage dans lequel il critiquait le traitement des femmes dans l’islam.

«Je ne le souhaiterais même pas à mon pire ennemi. Je ne peux pas aller me promener spontanément ou au restaurant sans une voiture blindée et accompagné de la police», a déploré Geert Wilders. «Si j'arrête ou modère mes propos, les gens qui menacent les démocraties gagneraient. Et je ne les laisserai jamais gagner.»

Une compréhension superficielle de l’islam

Daniel Pipes, président du Middle East Forum, un groupe de réflexion conservateur qui a aidé à financer certains frais juridiques de Geert Wilders, a déclaré qu'il était le politicien le plus important en Europe. «S'il gagne cette élection, il va pousser ses idées encore plus loin», a ajouté Daniel Pipes qui a critiqué Geert Wilders pour sa compréhension «superficielle» de l'islam. «Il considère l’islam dans son intégralité comme un problème, l’extrémisme est le problème».

Pamela Geller, une militante politique conservatrice qui partage les vues anti-islamiques de Geert Wilders a déclaré qu'il «ferait l'un des meilleurs premiers ministres que les Pays-Bas ont jamais eus». Pamela Geller invité Geert Wilders, il y a deux ans, à une exposition qui présentait des caricatures du prophète musulman Mohammad à Garland, au Texas. Pendant qu'ils étaient là-bas, l'exposition a été attaquée par deux hommes armés liés à l'état islamique. Les hommes armés ont été tués par la police.

D'autres politiciens populistes européens qui partagent l'hostilité de Geert Wilders pour l'Union européenne sont critiques face à sa rhétorique anti-islam. «Je crois en la tolérance religieuse et je ne pense pas que faire la guerre avec l'islam soit la bonne approche», a précisé Nigel Farage, l'ancien chef d'un parti anti-immigration britannique qui a aidé à la mise en place du Brexit.

Lars Rensmann, professeur de politique européenne à l'université de Groningen, a déclaré que de nombreux défenseurs de Greet Wilders étaient très instruits et prospères, qu’il n’y avait pas seulement des personnes pauvres, rurales ou associées aux «perdants de la mondialisation». «Greet Wilders s'est imposé comme le défenseur du libéralisme contre les immigrants islamiques qui, selon lui, menace la tolérance néerlandaise envers le mariage homosexuel, les droits civils, l'euthanasie et d'autres politiques libérales, a déclaré Lars Rensmann.