Vers une déclaration systématique de la viande halal?
Photo: CC(by-nc-nd) portable soul
, cath.ch
«Au restaurant, vous avez peut-être consommé de la viande halal sans le savoir», indique Yannick Buttet, conseiller national PDC. Il est à l’origine d’une initiative parlementaire obligeant les vendeurs de «niveau 2», c’est-à-dire les commerces et les restaurants, à déclarer systématiquement la viande halal. Il s’agit, selon lui, d’informer le consommateur final sur la viande qu’il mange et sa provenance.
Abattage rituel interdit en SuisseEn Suisse, l’abattage de mammifères sans étourdissement préalable est proscrit par la loi sur la protection des animaux; cette interdiction vaut également pour l’abattage rituel. Afin de tenir compte, dans l’esprit de la Constitution fédérale, de la liberté de croyance et de religion des communautés musulmanes et juives, il est permis d’importer de la viande d’animaux abattus selon des prescriptions rituelles, dite «halal» et «casher». Cette importation est cependant limitée aux cercles directement concernés et la viande doit porter l’indication «halal» ou «casher».
Concurrence déloyaleL’obligation d’information sur la nature de la viande ne concerne jusqu’ici que les vendeurs de «niveau 1», c’est-à-dire les importateurs. Dans les faits, l’initiative concerne la viande «halal», la viande «casher» étant plus chère. La viande, en théorie réservée à un importateur appartenant à la communauté musulmane, peut facilement se retrouver dans le circuit ordinaire. «Il se trouve que la viande halal est bien moins chère (10 francs par kilo) que la viande normale. Des intermédiaires en profitent pour acheter cette viande et l’écouler sans en mentionner la particularité», explique le Valaisan qui déplore une concurrence déloyale et le manque d’information des consommateurs.
Cette tendance prend selon lui de l’ampleur, notamment à Genève où l’on s’alarme du phénomène. Il souhaite également taxer davantage la viande halal pour harmoniser les prix entre la viande normale, et celle importée provenant de l’abattage rituel. «Cette harmonisation respecte la liberté de conscience et ne stigmatise pas une religion», relève Yannick Buttet qui prône avant tout la transparence.
Au contraire de la commission de la science du Conseil national, qui a confirmé hier un vote de juin 2016, celle du conseil des Etats a estimé, en octobre dernier, que l’initiative «vise à créer les bases légales nécessaires pour régler les problèmes qui peuvent survenir en lien avec les importations de viande halal». La commission a conclu que la législation actuelle était suffisante et a décidé de ne pas donner suite, par 8 voix contre 3. L’initiative va donc être débattue au Conseil national, en mai puis au Conseil des Etats. «Nous serons fixés cet automne», conclut Yannick Buttet.