La commémoration de la Shoah «plus importante que jamais»
La disparition de témoins de l’Holocauste et la multiplication de formations d’extrême droite rendent le souvenir de cette sombre époque plus important que jamais. C’est ce que souligne le Conseil central des juifs d’Allemagne à l’occasion de la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste.
Photo: CC(by) Adam Tas. Le camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau a été libéré le 27 janvier 1945.
(EPD/Protestinter) Maintenir vivant le souvenir des personnes tuées par la Shoah est devenu d’autant plus important que le populisme et l’extrémisme de droite ne cessent de gagner du terrain en Allemagne. Ce rappel historique «devrait aussi être porté par les médias, particulièrement la télévision», a estimé le Conseil central des juifs d’Allemagne à l’occasion de la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste, le 27 janvier. C’est en effet à cette date qu’en 1945, le camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau était libéré. En 1996, l’Allemagne en faisait sa Journée du souvenir, qui devait prendre une ampleur internationale dix ans plus tard.
Le Parlement allemand commémore chaque année la mémoire des victimes des crimes nazis lors d’un moment de recueillement. Cette année, des proches de victimes d’«euthanasie» commise par des nazis ont prononcé un discours, avant une intervention de l’acteur Sebastian Urbanski, atteint du syndrome de Down, qui a lu une lettre écrite par une victime peu avant de mourir.
La même semaine, des projets d’attaques de personnes juives par des extrémistes de droite ont été mis au jour, souligne le président du Conseil central des juifs d’Allemagne Josef Schuster. «Il faut combattre ces formations à la racine, avec tous les moyens dont dispose l’Etat», affirme-t-il. Le rappel des crimes du national-socialisme est à la fois un avertissement et une incitation à s’engager activement contre l’antisémitisme, le racisme, l’homophobie et la haine des Tsiganes, souligne le Conseil central. Tous les jours, des témoins de cette sombre époque disparaissent. «Il devient toujours plus pressant de préserver leur souvenir», affirme le Conseil
. «Voir la réalité en face»Charlotte Knobloch, ancienne présidente du Conseil central, met quant à elle en garde contre «l’oubli de l’Histoire», ce «péché fou commis à l’égard de notre culture politique». «Qui ne se rappelle pas de son passé – également et surtout de ses chapitres les plus sombres – court le danger de répéter les erreurs commises», souligne la survivante de l’Holocauste au journal «Heilbronner Stimme». «Les jeunes d’aujourd’hui se sentent peu responsables du passé. Mais ils doivent voir la réalité en face: dans ce pays, des gens ont été capables de commettre des actes monstrueux et d’une inimaginable cruauté». Et au vu de l’incapacité de l’être humain à évoluer, rien ne garantit que ces actes ne se répètent pas, conclut la présidente de la communauté du culte israélite de Munich et de Haute-Bavière.