Les couloirs humanitaires suscitent l’intérêt en dehors des Eglises
Photo: Ministère des Affaires étrangères, Rome ©NEV
(NEV/Protestinter) Permettre aux personnes en situation de vulnérabilité (femmes avec enfant, personnes handicapées, âgées, etc.) de fuir la guerre sans remettre leur vie entre les mains de passeurs sans scrupules et de risquer leur vie en Méditerranée: tel est l’objectif des couloirs humanitaire, un projet né d’un accord entre l’Etat italien d’une part et la fédération des Eglises protestantes d’Italie (FCEI), le Conseil des vaudois (du Piémont), et la Communauté Sant’Egidio, d’autre part. Cette expérience a été l’objet du séminaire organisé par l’ambassadrice Cristina Ravaglia dans le cadre des «Portes ouvertes du ministère des Affaires étrangères – 8e jour de transparence» (28 au 30 novembre dernier). Cette année, la manifestation était dédiée au thème «Dialogues, cultures et Méditerranée».
«Ces couloirs humanitaires sont une initiative qui a rapproché les institutions et la société civile,» a commenté Cristina Ravaglia, qui est aussi directrice générale pour les Italiens à l’étranger et les politiques migratoires aux Ministères des Affaires étrangères. Parmi les participants à la première table ronde, Stéphane Jacquemet du Haut Commissariat pour les réfugiés des Nations Unies a exprimé son «admiration pour un projet qui n’est en rien modeste, parce qu’il propose un moyen stratégique de gérer une certaine proportion de flux migratoires.» Federico Soda, de l’Organisation internationale pour la migration (OIM), a fait écho à cette appréciation en affirmant craindre que le débat autour de la migration globale ne devienne de plus en plus toxique, alors qu’en amont de toute discussion «nous devons repenser les définitions traditionnelles de réfugiés et de migrants économiques. Les couloirs humanitaires représentent une solution applicable à large échelle en synergie avec les projets de resettlement, et j’espère une coopération renforcée entre l’OIM et ceux qui gèrent ce projet.»
A la table ronde finale, le préfet Angelo Malandrino, du Département pour les libertés civiles et l’immigration, a rappelé l’engagement de son ministère dans la gestion du projet et a défini les couloirs humanitaires comme «une contribution originale de l’Italie pour ses partenaires européens, qui montre qu’il existe des moyens sûrs et durables pour les réfugiés d’entrer dans l’espace Schengen.» A cette table ronde ont aussi participé Susanna Pietra, responsable de l’office «Huit pour mille» de la Tavola valdese, Daniela Pompei, de la Communauté Sant’Egidio, et Paolo Naso, coordinateur du projet «Mediterranean hope». «Ce séminaire est très important, et il confirme, encore une fois, l’intérêt des institutions et de la société civile pour les couloirs humanitaires,» a affirmé ce dernier. «D’un autre côté, il pose les bases de la bonne pratique de notre projet pilote, qui est conçu comme un outil pour gérer les principaux flux migratoires tant en Italie qu’en Europe.»
Le 24 novembre, un autre séminaire sur les couloirs humanitaires a eu lieu au Conseil national de la recherche à Rome, destiné cette fois-ci aux experts des politiques migratoires. «A cette occasion aussi, nous avons constaté que les couloirs humanitaires émergent non seulement comme une action humanitaire, mais aussi comme un modèle d’intervention applicable à la migration globale,» a ajouté Paolo Naso. «Ces résultats sont encourageants, et cela nous motive à réitérer notre initiative au niveau européen et à renouveler notre appel aux Eglises sœurs, qu’elles ne soutiennent pas seulement le projet, mais qu’elles entreprennent des actions politiques pour qu’il se concrétise dans leurs propres pays.»