Sortir du nucléaire, un vœu pieux?
Photo: Le site de Beznau CC(by-sa) Floheinstein
, «Réformés»
Le 27 novembre prochain, le peuple suisse aura à se prononcer sur l’initiative populaire «Pour la sortie programmée de l’énergie nucléaire». Cette dernière veut interdire la construction de nouvelles centrales nucléaires et limiter la durée d’exploitation des centrales actuelles. Le texte souhaite aussi que la Confédération agisse pour limiter la consommation d’énergie, améliorer l’efficacité énergétique et promouvoir les énergies renouvelables.
Le Conseil fédéral et le parlement recommandent de rejeter l’initiative. En effet, la stratégie énergétique 2050 prévoit déjà que les centrales nucléaires ne seront pas remplacées lorsqu’elles arriveront en fin de vie. De plus, la fermeture prématurée des centrales engendrerait une pénurie d’électricité conséquente puisque 40% du courant consommé en Suisse provient du nucléaire.
Limiter les risquesSans vouloir faire de scénario catastrophe, l’association Oeku soutient qu’il est plus que jamais nécessaire d’en finir avec le nucléaire. La fuite du réacteur de la centrale de Fukushima en 2011 montre qu’un risque existe, même dans un pays hautement industrialisé tel que le Japon. Pour Oeku, la vétusté des cinq centrales nucléaires suisses est plus que préoccupante.
Actuellement, les centrales disposent d’une autorisation d’exploitation d’une durée illimitée, et ce aussi longtemps qu’elles sont jugées sûres. Toutefois, selon Oeku, il semble que les mesures de sécurité renforcées, suite à l’accident de Fukushima, ne soient que partiellement remplies. Afin de limiter les risques, l’initiative populaire demande la fermeture en 2017 des centrales de Beznau I, Beznau II et Mühleberg. Le texte réclame l’arrêt des activités à Gösgen en 2024 et à Leibstatdt en 2029.
Trouver des alternativesPour pallier le manque d’énergie résultant de la fermeture des centrales nucléaires, le comité d’initiative mise sur les énergies renouvelables. Selon lui, une planification de sortie du nucléaire jusqu’en 2029 permettrait d’assurer une sécurité énergétique suffisante. Un calendrier difficile à suivre pour le Conseil fédéral, qui juge que la fermeture de trois centrales en 2017 forcerait la Suisse à s’approvisionner à l’étranger. Une solution boiteuse: si cette électricité est bon marché actuellement, elle provient en grande partie de centrales nucléaires ou à charbon.
30 ans d’engagement
Depuis sa création en 1986, année de la catastrophe atomique de Tchernobyl, l’association Oeku s’investit pour la sortie du nucléaire. Aujourd’hui, Oeku est reconnue comme organe de consultation pour les questions écologiques par la Fédération des Eglises Protestantes de Suisse (FEPS) et la Conférence des évêques suisses (CES). Elle est composée de plus de 600 paroisses et organisations liées à l’Eglise. Oeku est à l’initiative de la campagne annuelle «Un temps pour la création».