Selon un évêque luthérien, vénérer aveuglément Luther serait une négligence
Image: Page de garde de «Des Juifs et de leurs mensonges» écrit n 1543 par Martin Luther
EPD/Protestinter Hanovre
L’évêque de Hanovre Ralf Meister espère, pour l’année du 500e Jubilé de la réforme qui s’ouvre vient de s’ouvrir, un débat neutre sur les idées de Martin Luther. «Le jubilé n’est pas une occasion de le vénérer aveuglément. Au contraire, ce serait là une négligence», a déclaré ce théologien protestant lors d’un entretien avec l’agence de presse protestante allemande (EPD).
Il s’agit de poser sur Luther et son époque le regard de la connaissance historique. «Cela rend indispensables une distance et un jugement critiques de certaines positions», a déclaré Ralf Meister. A titre d’exemples, il cite les virulentes attaques de Luther (1483-1546) envers les guerres des paysans, son scepticisme prononcé vis-à-vis de l’islam et, avant toute chose, sa haine des juifs.
L’antisémitisme de Luther est entre autres dû au fait que les juifs n’ont pas répondu à ses attentes de conversion au christianisme, explique le théologien. Luther a établi un nouveau cadre d’interprétation, selon lequel le Christ était l’autorité servant d’unique référence pour définir l’interprétation de la Bible. Cette position a affaibli l’autorité du pape et le pouvoir de l’Eglise. «Cela lui a donné la liberté de critiquer de manière très forte, très polémique et brutale ceux qui ne suivaient pas cette nouvelle orientation.» Cela a aussi eu pour conséquence son «terrible antijudaïsme», qu’aucune excuse ne peut justifier.
D’un autre côté, il a ouvert aux gens des perspectives entièrement nouvelles à travers sa conviction que les bases de la foi résidaient dans le Christ lui-même, et non dans la médiation de traditions et de responsables religieux. «Le chevalier et l’artisan, le paysan et la femme au foyer ont découvert qu’ils ne faisaient pas partie d’une catégorie dévalorisée qui les reléguait —pour employer une image— au deuxième, troisième ou cinquième rang par rapport au clergé, mais qu’ils avaient le droit de se tenir avec eux au premier rang.»
Ce fait précis, justement, a cependant dès le début forcé le protestantisme à une difficile confession. «Il ne fallait donc pas seulement s’efforcer soi-même de comprendre ce que disait la Bible, mais aussi en tirer ensuite son propre projet de vie», déclare Ralf Meister, soulignant: «Voilà qui demande certainement plus d’efforts qu’un clic sur le bouton “Like” ou “Dislike” sur Facebook.» Selon l’idée de Luther, les gens ne devaient pas vivre dans la crainte d’institutions qui leur imposaient ce qui était bon ou mauvais.