Y a-t-il un «effet Trump» sur la moralité publique?

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Y a-t-il un «effet Trump» sur la moralité publique?

David Gibson
25 octobre 2016
Une récente étude révèle que les chrétiens conservateurs aux Etats-Unis sont plus disposés que par le passé à accepter le comportement immoral privé des représentants de l’Etat

Photo: Donald Trump © RNS/Reuters/Carlo Allegri

(RNS/Protestinter)

Les Américains, en particulier les évangéliques blancs, se sont souvent distingués de leurs cousins cyniques du Vieux Monde en plaçant la barre haute quant au comportement moral de leurs élus. Ils ont également eu tendance à lier cette droiture à la capacité d’exercer leurs fonctions publiques de manière efficace.

Que ce soit le mauvais langage et le comportement déplacé du candidat républicain Donald Trump, ou d’autres facteurs, les électeurs américains – en particulier ces mêmes évangéliques – semblent avoir vaincu leur puritanisme et sont maintenant beaucoup plus à même d’accepter les péchés des politiciens.

Un récent sondage révèle que 61% des Américains pensent actuellement que «le comportement personnel immoral ne fait pas obstacle à l’exercice honnête et intègre de fonctions publiques ou professionnelles». En 2011, seulement 44% des Américains avaient ce point de vue là.

Revirement parmi les évangéliques

Pourtant, ce qui est le plus surprenant dans l’étude menée par le Public religion research institute (un institut public de recherches sur la religion) et la Brookings institution, est que les évangéliques blancs ont changé d’avis de façon plus importante que les autres groupes. Aujourd’hui, l’étude montre que 72% des évangéliques blancs sont d’accord avec le fait qu’un représentant de l’Etat «peut se comportement de façon éthique même s’il a commis des transgressions dans sa vie personnelle». En 2011, il n’était que 30% à avoir cette vision des choses.

Les données montrent également que ces mêmes chrétiens conservateurs, considérés comme le noyau des électeurs du parti républicain, continuent de soutenir fortement Donald Trump. Près de 7 sur 10 d’entre eux disent vouloir voter pour le candidat républicain plutôt que pour sa concurrente démocrate, Hillary Clinton.

De son côté, Hillary Clinton a reçu des notes peu élevées pour l’honnêteté et la loyauté de la part des électeurs lorsqu’elle s’est exprimée sur l’utilisation de son adresse email personnelle alors qu’elle était secrétaire d’Etat et sur le financement de la fondation caritative privée qu’elle a fondée avec son mari. Elle a également été questionnée par rapport à l’opportunité de gagner de grosses sommes d’argent en faisant des discours publics pour divers groupes.

Certains évangéliques se détournent de Trump

Mais le fait marquant de cette étude est le changement de position au sein des chrétiens conservateurs qui soutiennent Trump. Beaucoup d’évangéliques critiquant le candidat républicain ont souligné qu’aucun chrétien croyant au message de l’évangile ne peut soutenir Trump qui a été marié trois fois et qui se vante de ses exploits sexuels.

Ces critiques soulignent également qu’accepter les défauts de ce candidat sape les arguments utilisés contre les démocrates comme ceux contre l’ancien président Bill Clinton, qui a été blâmé après avoir eu une liaison avec une des stagiaires de la Maison-Blanche. «Voilà à quoi ressemble le fait de compromettre ses convictions pour l’opportunité politique», a tweeté l’écrivaine chrétienne et critique de Donald Trump, Rachel Held Evans, en réponse à l’étude.

Cette division laisse présager un schisme durable au sein de la droite religieuse: l’autre moitié des évangéliques soutiennent Donald Trump en affirmant que les chrétiens ont besoin d’un dirigent fort qui pourra les protéger des tendances à la sécularisation de la vie aux Etats-Unis.